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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

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Nr. 3
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Blanc, Charles: La Joconde de Léonard de Vinci: gravée par Calamatta
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https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0169

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166 GAZETTE DES BE \l \-AKTS.

taines planches demeurent si longtemps sur le chantier et paraissent avoir
dévoré la vie presque entière d'un artiste. La Joconde a été pour M. Çala-
matta une de ces œuvres favorites auxquelles on réserve les meilleures
inspirations de son esprit et les plus beaux soleils de l'année. Que de soins
pieux, que d'amour pour traduire ce petit poème! quelle profonde et
curieuse recherche de tous les procédés qui pouvaient servir d'équivalent
aux suavités du pinceau, exprimer le tendre des carnations, la souplesse ou
le cassant des draperies, et le rugueux du paysage alpestre et lointain qui,
par un heureux contraste, se hérisse dans le fond de cette peinture douce,
tranquille et pour ainsi dire silencieuse ! Quand on regarde à une certaine
distance une épreuve de cette savante gravure, on croit ne voir qu'un
vigoureux dessin au lavis ou à l'estompe, tant il y a de discrétion dans la
manœuvre, là où d'autres n'eussent pas manqué de faire ostentation de
leur burin; mais si l'on s'approche, on reconnaît que des travaux variés
et choisis, tantôt compliqués, tantôt simples, mais ramenés à une parfaite
harmonie, ont été employés à reproduire le chef-d'œuvre de Léonard,
dans la diversité de ses parties comme dans l'unité de son ensemble. 11
va sans dire que le graveur s'est attaché avant tout à rendre les nus. Pour
exprimer l'abondance de la chair sous une peau fine. M. Galamatta s'est
servi d'un système de tailles brisées mêlées de points et accompagnées,
en guise d'entretailles, d'une suite de petits traits intercalaires qui donnent
du gras au travail. Mais cette précieuse manière de mettre du ton sur le
cuivre n'est apparente que dans les parties claires du front et de la joue
et sur les saillies de la gorge; dans la demi-teinte, le travail change et
devient moins visible ; le graveur revient ici à la méthode du losange telle
que la pratiquent les Italiens, qui l'appellent la mandorla (l'amande) ; mais
il y a cette différence dans l'estampe de Galamatta que le losange est formé
chez lui, pour plus de délicatesse, par le croisement diagonal d'une ligne
brisée sur la première taille ; par ce moyen le graveur a évité le désa-
gréable effet que produisent les points d'intersection dans le système des
losanges, et qui consiste à faire ressembler la chair à un ruban moiré. Pour
les petits modelés du coin de la bouche, pour les fossettes de la joue et
tous les menus méplats des yeux et des sourcils, le maître a supprimé toute
apparence de burin, et son travail, en ces endroits où gît l'expression, n'a
d'autre aspect que celui d'une poussière de crayon noir; partout ailleurs,
c'est-à-dire dans les ombres, la taille dominante se fait sentir dans le sens
où elle enveloppe le muscle, et il faut admirer l'habileté rare avec laquelle
sont disciplinés ces travaux divers, qui s'harmonisent à merveille tout en
se contrariant dans leur marche. Quant aux draperies, le travail y est
assourdi, si ce n'est à ces belles manches de taffetas dont les plis multi-
 
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