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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 8.1873

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Nr. 2
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Merson, Luc-Olivier: Exposition de Bordeaux
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https://doi.org/10.11588/diglit.21410#0168

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EXPOSITION DE BORDEAUX.

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pour but unique de flatter la fantaisie et la curiosité de quelques amateurs.
Plus grand et plus noble, son rôle est d’offrir un champ d’étude au
public et principalement aux esprits qui s’ouvrent, se préparent, à des
degrés divers, à l’initiation des arts, haute mission d’enseignement et de
leçons de laquelle il ne peut se départir sous peine de tomber dans la
catégorie des établissements inutiles et onéreux. Et la critique que je
viens de faire des musées de Bordeaux n’est pas moins applicable à l’Ecole
de dessin dont cette grande cité croit pouvoir se contente]- : peu de villes
de deuxième ou de troisième ordre s’en déclareraient satisfaites, tant
l’installation en est insuffisante et défectueuse, tant il faudrait la revoir,
la corriger et l’augmenter, cette école, pour la mettre en mesure de justi-
fier son titre, de répondre à sa destination.

Maintenant si le mal est évident, à quoi faut-il l’attribuer, à qui
faut-il légitimement en faire remonter la cause ? C’est ce que je n’ai pas
à rechercher en ce moment. Je me borne à le signaler. La question
demande un examen scrupuleux, approfondi. Un jour, sans doute, je serai
tenté de l’aborder, et comme elle n’est pas malheureusement tout à fait
spéciale à Bordeaux, ce sera alors avec tous les développements qu’un
tel sujet comporte. Parlons plutôt de l’exposition. Aussi bien est-ce d’elle
que je dois principalement entretenir cette fois les lecteurs de la Gazette.

Occupant des bâtiments provisoires rue Vital-Carles, au centre de la
ville, elle réunit sept cent trente ouvrages de genres différents. L’initia-
tive intelligente de la Société des Amis des Arts n’en avait peut-être pas
encore organisé d’aussi nombreuse. Les grandes œuvres y sont rares, il
est vrai; les morceaux hors ligne s’y montrent en petite quantité; on y
voit peu de ces pièces éclatantes qui forcent l’admiration et subjuguent les
plus difficiles. Néanmoins fort distinguée, résistant à un examen sérieux,
elle renferme de quoi séduire la foule et satisfaire les connaisseurs. De la
moyenne, d’ailleurs, se dégagent quelques cadres méritant l’approbation
unanime. Par exemple les trois dessins de Régnault, des plus beaux que
l’on connaisse du jeune maître sitôt ravi aux arts, car les Etudes de chiens
sont superbes, le Portrait de M. D... est parfait, et, sans rien dire de
trop, le Portrait de Mme L... peut être classé au rang des purs chefs-
d’œuvre. Les portraits de Ricard méritent, eux aussi, une réelle estime.
On a, je crois, exagéré la valeur du peintre. La manière de Ricard pro-
cédait d’une main plus curieuse que vraiment habile, d’un goût plus
inquiet que sincère, d’un esprit plus jaloux des petits côtés de l’art que ’
de ses tendances élevées. On l’examinera avec fruit, si l’on veut ; sans
courir des risques graves on ne saurait la prendre pour modèle. Peu
importe, les peintures d’un artiste de ce tempérament ne sont jamais
 
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