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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 8.1873

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Nr. 3
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Ménard, René: Exposition de Vienne, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21410#0196

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186

GAZETTE UES BEAUX-ARTS.

du Danube. L’on voit de loin des troupeaux de cerfs traverser la prai-
rie ; ils reviennent chaque matin ; ils s’enfuient chaque soir, quand
l’affluence des promeneurs trouble leur solitude. »

Mme de Staël ne reconnaîtrait plus aujourd’hui le Prater, où elle
aimait à rêver. Les prairies que traversaient les cerfs sont devenues des
parterres de Heurs; des kiosques se sont élevés sur l’emplacement des
vieux arbres tombés sous la cognée; des jets d’eau, jaillissant au milieu
des bassins, ont remplacé les joncs et les nénufars qui encombraient
les marais. De brillants orchestres se font entendre parmi les bosquets,
des cafés sans nombre s’alignent sur des chemins fraîchement établis,
et des constructions dans tous les styles, persan, égyptien, turc, russe,
italien ou français, servent de satellites au vaste palais qui contient l’expo-
sition. Au lieu d’un jardin improvisé, comme était notre champ de Mars
en 1867, les abords de l’exposition de Vienne forment un parc splen-
dide taillé dans une forêt séculaire, ce qui donne à l’ensemble une gran-
deur qui n’avait pas chez nous son équivalent.

Dès l’arrivée, on est séduit par l’aspect qui est vraiment féerique;
mais si on veut considérer l’exposition au point de vue de l’utilité pra-
tique, c’est-à-dire de l’enseignement que chacun peut en tirer, on est
obligé de reconnaître que celle de 1867 était infiniment mieux disposée. On
a beaucoup critiqué notre grand bâtiment rond, qu’on a comparé à un
pâté, mais il présentait comme disposition un avantage immense. Toutes
les galeries circulaires répondant à une catégorie, et toutes les galeries
rayonnantes à une nationalité, on pouvait comparer sans peine, soit les
produits similaires envoyés par chaque peuple, soit le travail d’un pays
considéré dans son ensemble. A Vienne, on a adopté un classement
purement géographique, de sorte que les produits similaires sont fort
loin l’un de l’autre et souvent assez difficiles à trouver.

Cet inconvénient n’existe pas, il est vrai, pour les beaux-arts pro-
prement dits, puisqu’on leur a consacré un palais spécial dans lequel,
disons-le de suite, la France brille d’un incontestable éclat. Ce résultat
est dû surtout aux efforts de la Commission française qui, pour assurer
le triomphe de notre pays, a su vaincre les répugnances d’un grand
nombre d’artistes, et n’a cessé de montrer un zèle et une énergie dignes
des plus grands éloges.

En parcourant l’une après l’autre les salles de l’exposition des
beaux-arts , on est frappé de voir qu’à part l’Angleterre, qui garde sa
physionomie spéciale, toute l’Europe semble être aujourd’hui dans la
même voie. De la Seine à la Vistule, ce ne sont que des transitions insen-
sibles, et il y a souvent plus de différence entre un artiste et son voisin
 
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