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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 8.1873

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Nr. 3
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Ménard, René: Exposition de Vienne, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21410#0197

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EXPOSITION DE VIENNE.

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qu’entre un pays et un autre. 11 y a vingt ans, la distance était énorme
entre la France, la Belgique et l’Allemagne. Là, on cherchait la couleur
et la réalité; ici, au contraire, la peinture n’était qu’un langage chargé
d’exprimer des idées de philosophes et d’écrivains. Aujourd’hui, l’effort
est à peu près partout dans le même sens, et l’art européen constitue
une moyenne très-riche en talents estimables, quoique dépourvue de ces
chefs-d’œuvre qui marquent une étape dans l’histoire de l’esprit humain.
A Munich comme à Berlin, à Dusseldorf comme à Bruxelles ou à Paris,
la lutte est engagée sur le même terrain, celui de l’exécution et de la
réalité.

AUTRICHE — ALLEMAGNE.

Un coup d’œil rétrospectif sur la marche des arts en Allemagne est
peut-être nécessaire pour expliquer l’évolution nouvelle qui s’accomplit
en ce moment. On sait que pendant tout le xviii0 siècle le goût français
avait dominé l’Allemagne, et le dévergondage des Van Loo et des Bou-
cher, transplanté de l'autre côté du Rhin, s’était singulièrement alourdi.

La réaction contre ce maniérisme ne vint pas des artistes, mais des
littérateurs, et Winckelmann en fut le principal champion. De là l’influence
de la littérature, qui se mit à vouloir diriger les arts en les poussant vers
l’antiquité. Mais, sur le terrain pratique, la France prit les devants, et ce
fut notre David qui accomplit la réforme demandée par les théoriciens
allemands. Quand survinrent les guerres du premier empire, l’Allemagne
voulut à tout prix se soustraire à notre influence, et, le patriotisme
aidant, un groupe de jeunes gens entreprit contre les idées françaises une
véritable croisade, symbolisée d’une manière grotesque sur une des
fresques qui décorent la nouvelle Pinacothèque de Munich.

Dédaignant la sincérité du dessin, aussi bien que les séductions de la
couleur, Cornélius, artiste doué d’une imagination puissante, avait voulu
séparer l’idée de la matière; il avait affiché le plus souverain mépris pour
l’exécution et cru qu’un peintre pouvait dicter ses idées à un praticien
comme un écrivain les dicte à son secrétaire. Dans cette doctrine, la litté-
rature se trouvait identifiée avec la peinture; aussi, on vit les gens de lettres
écrire sur chaque tableau des volumes de commentaires, et, par un
retour de bons procédés, les peintres s’efforcèrent de traduire sur la toile
les abstractions des littérateurs.

Nous regrettons de n’avoir pas trouvé à Vienne quelque grand carton
de Kaulbach, qui fut le plus célèbre des disciples de Cornélius et qui,
à notre exposition de 1807, tenait fort bien sa place avec son dessin de
 
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