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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 8.1873

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Nr. 3
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Ménard, René: Exposition de Vienne, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21410#0198

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188

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Luther. En revanche, le musée de Berlin a envoyé une toile importante de
M. Bendeman, peintre qui marque peut-être le point culminant de l’art
symbolique en Allemagne. Malheureusement la Captivité de Babylone est
une scène confuse et dépourvue d’effet. De pareils tableaux, au surplus,
sont faits pour décorer les monuments et supportent difficilement les expo-
sitions publiques, où le charme de l’exécution attire bien plus que les
efforts de la pensée. M. Bendeman est un artiste d’une haute intelli-
gence et qui a joué un rôle important dans le mouvement artistique de
l’Allemagne; mais ses doctrines sont aujourd’hui démodées, et la géné-
ration actuelle, qui le respecte par habitude, tourne ses hommages vers
d’autres idoles.

Parmi les tableaux à idées, il ne faut pas oublier celui de M. Canon, de
Stultgard, qui porte le titre singulier de la Loge de saint Jean. Les
Allemands en font le plus grand cas et lui ont donné une place d’hon-
neur dans le salon d’entrée. L’auteur pense que l’évangile de l’amour
doit être rétabli et que les grands dignitaires de toutes les Confessions
feraient sagement d’abdiquer en sa faveur. Sa toile, peinte dans des colo-
rations qui visent à l’effet des vieux tableaux* est encadrée d’une large
bande noire rehaussée d’ornements en or mat. 11 y a un incontestable
talent dans cette peinture. Quant à la pensée, dont tout le monde approu-
vera l’intention morale, j’avoue que je ne l’aurais jamais devinée seul, et
qu’il m’a fallu, pour savoir ce dont il s’agissait, le secours d’un journal
étranger.

Lorsque la peinture veut passer du symbole à l’histoire et de la
philosophie abstraite à la représentation des faits, l’idée ne suffit plus
et l’exécution devient une partie plus importante de l’art. M. Piloty,
qui occupe en Allemagne une situation analogue à celle de Paul Dela-
roche en France, ou de M. Gallait en Belgique, a acquis une grande
célébrité par certains tableaux devenus populaires, tels que la Mort de
Wallenstein et Néron après l’incendie de Rome. 11 est depuis 1850 pro-
fesseur à l’Académie, et la place d’honneur qu’on a donnée à sa vaste toile,
le Triomphe de Germanicus, montre assez l’importance que les Alle-
mands attachent à cette œuvre. Elle est loin cependant de produire
l’effet qu’on en avait attendu, et on ne manque pas d’attribuer cet insuc-
cès aux tableaux voisins, qui en atténuent l’aspect. Que la faute revienne
au plafond de M. Cabanel, qui est rose, ou au gigantesque tableau de
Wiertz, qui est noir, il est certain que la toile de M. Piloty paraît grise et
terne. La composition d’ailleurs est très-surchargée. Le cortège défile
devant la tribune impériale, sous les regards curieux des dames romaines
couronnées de fleurs. Thusnelda, entourée de prisonniers germains enchaî-
 
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