Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 8.1873

DOI issue:
Nr. 4
DOI article:
Decamps, Louis: Correspondance, [2]
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.21410#0400

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
382

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

suis forcé do constater que cette vaillante peinture est d’un faire plus moderne que le
xvne siècle. J’incline fort à ne la croire ni hollandaise ni flamande, et je ne suis
pas seul de cet avis; je ne serais nullement surpris de rencontrer quelque jour la
preuve que ce chef-d’œuvre, c’en est un dans son genre, est bel et bien français.
J’entends crier au sacrilège. Crier ne signifie rien, prouver vaut mieux; et je pense
qu’après recherches on en arrivera à ne pas me donner tort. Ne regrettons pas l’erreur
de Bürgcr ; elle nous a valu sept pages des meilleures qu’ait écrites cet éminent artiste
littéraire qui en a tant écrit d’excellentes.

Autre favori de Bürger qui plaçait bien ses sympathies : Adriaan Brouwer.
M. Suermondt a sa Superbia gravée par le maître dans la suite des Sept péchés, et un
Paysage au clair de lune lestement brossé. Superbia, c’est une femme d’un âge mûr,
qui, assise devant une table, ajuste sa collerette en se regardant dans une glace : pan-
neau ovale à peine grand comme la main , d’un accent très-personnel ; tôte au teint
jaunâtre, noirs chatoyants, blancs d’une belle pâte.

La Querelle de joueurs de Jan Steen, décrite au Catalogue raisonnél, est digne
en tous points de la réflexion de Smith : « The figures, whicli are above the usual
size, are full of maslerly freedom and natural expression. » La Joyeuse société
est un joli spécimen de Steen dans sa manière un peu leste.

Philip Wouwcrman fait bien maigre figure avec deux panneaux de ses débuts, un .
Paysage hivernal et un Départ pour la chasse. A Adriaan Van do Yeldc revient
l’honneur d’une charmante compensation ; les deux chevaux et les moutons qu’il a
placés dans un îlot qui s’avance au milieu d’un fleuve sont touchés avec un esprit,
avec une finesse qui ne tombe pas un seul instant dans le menu; c’est très-fait et
c’est toujours large. Quelle différence avec les Moutons dans une prairie d’Ommeganck,
le précurseur de tous nos modernes porcelainiers! Et cependant cet Ommeganck est
pour ce maître un tableau de premier ordre. N’importe, Adriaan le tue net. — Un
Portrait d’homme d’Albert Cuvp est puissant de ton, mais peu agréable; une Nature
morte est bien peinte, moyenne très-honorable et rien de plus; avec le Paysage, un
des purs joyaux de la collection, nous tenons Cuvp tout entier : « Au bas d’une col-
line boisée, une large rivière sillonnée d’embarcations; sur la rive, à droite, des
vaches gardées par deux pâtres ; effet de soleil couchant. » C’est vrai, c’est poétique
comme une fêle de la nature, cela a tous les mérites.

De Quiryn van Brekelenkamp, la Marchande de fruits, acquisition intéressante
faite tout récemment à la vente de M. D. Léonardt, à Cologne, le 9 juin dernier; c’est
fort bien, — Brekelenkamp n’est jamais médiocre, môme dans un vulgaire Étal de
poissonnier, — mais c’est loin d’ôtre une œuvre di primo cartello comme les Cou-
turières de M. A. Picard.

De Van Goven, un charmant Hiver, que le maître a repris et complété, comme
cela lui est fréquemment arrivé pour ses œuvres de prédilection, car il l’a signé et
daté deux fois : 1630 et 1631, et deux petits ovales de 1 0 centimètres, l’Été et l'Hiver,
de 1620, d’une exécution serrée, précise, qui font plus penser aux deux excellentis-
simes Adriaan Van der Yenne de M. Suermondt qu’à maître Yan Goven, qui du reste
abandonna promptement cette manière pour sa facture si libre, si prime-sautière, que
nous retrouvons dans une Vue de Nimègue de 1649 et dans une Vue d’Amhem
de 1646.

1 • Tome IV, page 52.
 
Annotationen