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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Palustre, Léon: Monuments d'art de la ville du Mans, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0037

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MONUMENTS D’ART DE LA VILLE DU MANS.

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senter dans des proportions un peu moins grandes que nature ; mais
il serait peut-être facile de le découvrir en compulsant les anciens
registres de la collégiale Saint-Georges de Vendôme qui, suivant des
renseignements verbaux, se trouva un jour l’objet de sa munificence.
C’est là qu’existait une vaste composition, sépulcre ou crucifixion,
détruite au temps de Jeanne d’Albret. La statue du donateur, placée
du côté gauche, tout à l’extrémité, grâce à son caractère semi-
profane, a seule échappé à l’effroyable « abatis d’images » dont parle
Théodore de Bèze.

Naturellement nous voudrions bien pouvoir désigner l’auteur
d’une oeuvre aussi remarquable ; mais, pour cela, documents et points
de comparaison font également défaut. Jusqu’à nouvel ordre l’obli-
gation s’impose donc de ne hasarder aucune attribution et l’on doit
se contenter d’admirer la vie empreinte dans tous les traits, la
simplicité de la pose et l’élégance des draperies.

Si la statue du musée vient de Vendôme, c’est de l’abbaye de
l’Epau qu’en 1821 le tombeau de la reine Bérengère a été transporté
dans la cathédrale. Seulement, à cette époque, outre que le massif
rectangulaire sur lequel est couchée l’effigie de la veuve de Richard
Cœur de Lion a subi des restaurations maladroites, on a plaqué
contre le mur occidental du transept sud un monument destiné à être
vu de tous côtés. Et cependant il s’agit d’une œuvre remarquable,
d’un excellent spécimen de la sculpture française au milieu du
xme siècle. La reine est admirablement drapée dans une longue robe
serrée à la taille par une riche ceinture à laquelle pend une escar-
celle. Les pieds reposent sur un lion et de ses mains elle tient un
livre dont la couverture ornée d’un haut-relief nous montre une
femme, la couronne en tête, debout entre deux cierges allumés. Est-ce
une allusion aux vertus de Bérengère, et a-t-on voulu indiquer la
voie dans laquelle il fallait entrer pour lui rendre les honneurs dont
elle était digne? Nous le pensons, sans pouvoir l'affirmer. Pour les
cisterciens de l'Epau, la veuve de Richard était plus qu’une reine:
elle avait en qualité de bienfaitrice présidé à leur développement
matériel, et l’on sait qu’au moyen âge il n’en fallait pas davantage
pour mériter aux yeux des intéressés les honneurs célestes.

(La fin prochainement.)

LEON PALUSTRE.
 
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