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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Nr. 2
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Laforgue, Jules: Correspondance de Berlin: exposition de sculpture polychrome à la National-Galerie
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0186

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CORRESPONDANCE DE BERLIN

EXPOSITION DE SCULPTURE POLYCHROME A LA NATIONAL-GALERIE

Racb à la persévérance du docteur G. Treu, directeur aux Antiques
’ ' de Dresde et champion très érudit de l’idée polychrome en Alle-
magne, cette Exposition de sculpture en couleurs, promise depuis
deux ans, nous est enfin ouverte. M. Treu avait déjà organisé une
exposition de ce genre, il y a trois ans, à Dresde, consacrée
surtout aux essais de MM. Kauer et Dietz, et avait fait à cette occasion une con-
férence qui, publiée sous le titre : Devons-nous ‘peindre nos statues? est devenue
relativement populaire.

Comme il est décidément de tradition en Allemagne, notamment depuis un
siècle, c’est encore une fois ici le « professeur » qui aura donné l’impulsion et pré-
paré la besogne. L’artiste allemand est toujours porté à chercher la tutelle du
livre; il s’enthousiasme bien plus sur des textes que devant son outil. Et nous
pourrons voir la statuaire allemande se précipiter ingénument dans la polychromie,
sans autre transition entre cet art et celui de Thorwaldsen et Rauch que le noble
réalisme de Reinhold et Karl Begas. En France, où est le théoricien qui prêche la
polychromie en sculpture? Et cependant Carpeaux, Falguière, Dalouet Rodin nous ont
déjà presque blasés sur le dernier mot de la chair monochrome vivante et en action,
et depuis plusieurs années un sourd mouvement nous porte à applaudir aux essais
des Cordier, des Chartrousse, des Lefeuvre, des Gros, des Ringel et des Strasser.

Devons-nous peindre nos statues? demande donc M. Treu. Et déclarant dès
l’abord que c’est surtout de la décoration de nos appartements qu’il s’agit, nul ne
songe, dit le conférencier, à voir surgir dans nos rues des statues peintes, dont
notre climat ferait d’ailleurs prompte justice, sans compter leur piteux effet sur le
fond terne de nos façades; non plus qu’on ne songe à abandonner une matière et
un procédé consacrés par le génie des maîtres. On veut simplement ouvrir un nou-
veau champ à la création artistique en sculpture, surtout en vue de ces intérieurs
où nos yeux, fatigués des monotonies grises de la rue, ont le droit de s’égayer à
toutes les ressources de la couleur. En effet, meubles, céramiques, tableaux, tapis-
series, tapis, tentures, plantes et même calorifères de faïence, tout indique que
nous voulons proscrire le blanc de vos maisons. Et cependant, ce ton blanc,
 
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