Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (2. Pér. 33.1886)

PAUL B A U D R Y

ET SON EXPOSITION POSTHUME

Les Expositions posthu-
mes des grands artistes et
les publications posthumes
des grands écrivains , lors-
qu’elles se font vite et de
toutes pièces, offrent le
même attrait pour nos cu-
riosités et le même danger
pour leur gloire. Si les sé-
rieux admirateurs de leur
génie, connaissant à fond
leurs œuvres maîtresses,
trouvent un plaisir raffiné
et un inappréciable profit
à suivre dans leurs esquis-
ses, projets, brouillons, les
fluctuations de leur intelligence et la variété de leurs efforts, la grande
masse du public, qui n’entend pas à demi-mot et qui oublie ce qui est
loin, se montre en général surprise et comme désillusionnée devant
cette énorme quantité de recherches, d’hésitations, de repentirs,
d’inquiétudes, de désespoirs qui composent l’activité du créateur le
plus triomphant. Le danger est surtout grave lorsqu’il s'agit d’un
artiste comme Paul Baudry, dont les hautes facultés n’ont pris tout
leur développement que dans la peinture murale et dont la produc-
tion secondaire, la seule qu’on puisse montrer réunie, a subi toujours,
d’une façon remarquable, le contre-coup de ses préoccupations supé-