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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Nr. 5
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Renan, Ary: Gustave Moreau, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0433

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394

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

« Maintenant, figure-toi l’état de la nature humaine, relativement
à la science et à l’ignorance d’après l’image que voici. Représente-toi
une caverne souterraine », dit Socrate à Glaucon dans la célèbre allé-
gorie qui commence le septième livre de la République de Platon.
On pourrait dire que l’artiste est dans la même situation que les
prisonniers de la caverne dont parle Socrate, et qui ne voient que
les ombres des choses. Ils croient qu’il n’y a absolument rien de réel
que les ombres de ces objets. « Considère maintenant l’état de ces
prisonniers s’il pouvait arriver qu’ils fussent guéris de leur illusion...
Si on les force de fixer leurs regards sur la lumière même, leurs
yeux n’en seront-ils pas blessés? Ne s’en détourneront-ils pas pour
retourner à ces ombres qu’ils peuvent regarder aisément? Ne
penseront-ils pas que celles-ci sont plus distinctes en effet que les
objets qu’on veut leur faire voir en face? »

— « Certainement, » répond Glaucon.

Volontairement lié dans la caverne, un artiste tel que M. Gustave
Moreau est offensé par le relief des êtres et des objets. Qui osera
dire qu’il a tort? Il n’en voit que la silhouette qui, passant sur la
paroi du monde qu’il habite, devient grande et mystérieuse. Mais la
clarté qui projette cette ombre, quelle est-elle si ce n’est celle de
l’inspiration ?

ARY RENAN.

(La suite 'prochainement.)
 
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