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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Nr. 5
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Pératé, André: La destruction de Rome (lettres de MM. Grimm et Grégorovius): correspondance d'Italie
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0481

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CORRESPONDANCE D’ITALIE

LA DESTRUCTION DE ROME
(Lettres de MM. Grimm et Grégorovius.)

epuis tantôt deux mois, on parle beaucoup ici de la destruction de
Rome, dont on ne se préoccupait guère auparavant. Une première
lettre de l’historien Grégorovius n’avait point passé la frontière ; ce
fut l’article écrit à Rome par M. Grimm à la fin de janvier, et
publié dans la Deutsche Rundschau de Berlin au commencement de
mars, qui fit naître la polémique. Elle a vite grandi. Cet article est commenté
par la plupart des journaux italiens ; on le traduit; il provoque des réponses de
toute sorte. Il est suivi d’une nouvelle et importante lettre de Grégorovius dans
l’Allgemeine Zeitung du 21 mars, enfin d’une protestation signée des principaux
noms de l’Allemagne savante. Il est facile de résumer les griefs des défenseurs de
l’ancienne Rome, en découpant quelques passages de ces deux lettres si curieuses.

« Lorsque, après une absence de dix ans, dit M. Grimm, je revins ici l’automne
passé, les impressions que je reçus furent inattendues et douloureuses. J'ai vu qu’on
était en train de détruire moralement Rome en la transformant en métropole du
royaume ; tous les discours se concentraient sur ce point ; chacun sentait la néces-
sité d’apporter un remède, mais personne ne savait lequel. Je lus ensuite dans la
National Zeitung l’écrit de Grégorovius : Pour la défense de Rome contre sa des-
truction actuelle, qui faisait visiblement comprendre que quelque chose s’en allait
qu’on ne pouvait sauver. Étant sur les lieux mêmes, je pus encore observer combien
peu on y avait fait attention. Moi qui, depuis trente ans, écris en l’honneur de Rome,
de Florence et de toute l’Italie, j’aurais dù aussi élever la voix. Mais je m’aperçus
vite qu’une lettre aux Romains ne servirait de rien. Il semble qu’il y ait parmi eux
une minorité qui sent la tristesse et la honte de l’état présent ; ce sont des vieillards
qui peuvent évaluer ce qui se perd ; aussi bien ont-ils dù courber la tète et cesser
la lutte.

« Pourtant il y a une Rome dont les citoyens sont épars dans tous les pays; et
c’est aussi leur Rome que l’on va détruisant. Tout ce que je puis est de les informer
des choses qui se passent ici. Chacun d’eux aurait, à mon avis, non seulement le
droit, mais le devoir de protester. Peut-être se formera-t-il un courant de l’opinion
 
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