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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Nr. 5
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Pigeon, Amédée: Le mouvement des arts en Allemagne
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0480

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LE MOUVEMENT DES ARTS EN ALLEMAGNE.

439

dans la seconde et dans la troisième lettre il parle longuement de la vie qu’il
mène et, de scs relations, tandis qu’il n’y a rien sur ce sujet dans la première
lettre. Ce silence prouve que Durer, alors qu’il écrivait à Pirkheimer en janvier
1506, était encore étranger à Venise et sans appui; aussi ne parlait-il exclusivement
que de ses affaires personnelles; jusque-là il paraît s’être tenu tout près de
« quelques autres bons camarades » qui lui donnaient des conseils pour acheter
des perles et des pierres précieuses. Mais ces camarades étaient seulement des
Allemands; car il les cite textuellement comme lui ayant assuré « qu’on peut
acheter à Francfort de meilleures choses qu’à Venise pour un prix moindre », ce
qu’un Vénitien ne lui aurait pas dit. Dans la seconde et dans la troisième lettre
il raconte beaucoup de choses sur les compagnons italiens, qui de jour en jour
viennent plus souvent chez lui ; ce sont de graves savants, de bons joueurs de
luth et joueurs de flûte, des connaisseurs en peinture et des gens d’une origine
beaucoup plus noble; il parle surtout de « Giambellin », qui lui a fait de grands
éloges devant des nobles ; ceux-ci lui veulent beaucoup de bien et lui en amènent
d’autres; il y en a tant autour de lui qu’il est forcé de temps en temps de se
cacher. Entre la première lettre et la seconde il y a un intervalle de quatre, ou
peut-être même de sept semaines; dans cet espace de temps les relations de
Dürer ont changé; il a une autre façon de voir les choses; il considère sous un
tout autre jour la vie à Venise, et le ton de ses lettres s’est complètement modifié.
Comme Dürer était encore assez étranger à Venise au commencement de l’année
1506, il n’a donc pu vendre des tableaux ou en peindre en 1505, si on considère
qu’il était dans cette ville depuis fort peu de temps; c’est seulement à la fin de
février 1506 qu’il parle de la vente des tableaux; on ne peut fixer la date de
cette vente bien loin du moment où fut écrite la troisième lettre.

Quelques rectifications encore à propos du manteau que Dürer commanda à
Venise et de l’endroit où il logea peut-être :

« Le 8 septembre 1506, Dürer écrit à Pirkheimer : « Mon manteau français
et aussi mon habit vous saluent. »

Dans les lettres précédentes, il n’est pas question de ces habits, que le maître
achète à Venise. Il s’ensuit que l’achat a dû être fait peu de temps avant la date
de la lettre où il en est fait mention. C’est ce que prouve le fait que Dürer, dans la
letfre suivante du 13 septembre, tout joyeux de posséder enfin ces habits « welche »,
renouvelle le salut. Son inquiétude, alors que le feu éclate chez Peter Pender, de
savoir si son manteau et une pièce de drap ne sont pas brûlés laisse supposer
que ce manteau, en tout neuf et moderne, lui était particulièrement cher. Ni dans la
lettre du 28 août ni dans les cinq lettres précédentes, il n’est fait mention de ce man-
teau, qui est toujours nommé dans les trois lettres suivantes : ce qui prouve que
Dürer a dû l’avoir dans l’espace de temps compris entre le 28 août et le 8 sep-
tembre.

Quant à ce Peter Pender, dont il est question dans la lettre de Dürer, c’était
un hôtelier chez lequel logeaient beaucoup d’Allemands, autres que des mar-
chands, qui venaient à Venise. C’est chez lui peut-être que Dürer s’était logé. Son
nom est bien Peter Pender, et non Pietro Venier, comme fa écrit M. Thausing
sans aucun motif. Cette rectification a été indiquée à M. J. Neuwirth par le
Dr Simonsfeld.

AMÉDÉE PIGEON.
 
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