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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Nr. 3
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Gilbert, Paul: Les petits salons
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0275

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LES PETITS SALONS

endant le mois qui s’achève, des groupes d’artistes ont,
comme ils le font chaque année, organisé dans leurs cer-
cles des expositions restreintes, d’un charme tout intime.
Ces petits Salons où l’on cause discrètement sur un ton de
bonne compagnie, où l’on vient en toilette élégante, pré-
parent doucement le regard aux grands spectacles du mois
de mai. Ici point de cohue, ni dans la salle, ni sur les
murs; promptement et sans fatigue on fait le tour de la
galerie où les œuvres sont exposées; dès l'abord, les meilleures toiles s’imposent
au regard : l’œil n’a pas besoin de chercher.

En franchissant cette année le seuil de l’exposition du cercle de la place
Vendôme, le premier hommage devra revenir à la dernière œuvre de B au dry,
œuvre blonde et gaie, que le nœud de crêpe placé au faîte du cadre ne parvient
point à assombrir. Le maître trop tôt disparu savait éclairer chaque chose d’un
rayon de jeunesse, et son pinceau connaissait tous les secrets du sourire. Ce
portrait d’un adolescent aux cheveux blonds est une peinture inachevée à laquelle
le grand artiste eût certainement travaillé encore, si la mort n’était venue brus-
quement interrompre son labeur et son rêve. Diverses parties du costume, les
manches de salin noir, les hottes montantes ne sont qu’à demi ébauchées : indica-
tion provisoire devenue éternelle; mais ce qui est complètement écrit dans ce
portrait, c’est l’allure élégante, la coloration délicate, la hardiesse savante du maître
ennemi de toute fadeur et de toute banalité.

Cette horreur du convenu et cette recherche delà note nouvelle ont été de tout
temps les qualités maîtresses du véritable artiste. Nous sommes heureux de les
constater chez M. Roll, qui est un chercheur infatigable, un travailleur opiniâtre.
Le portrait qu’il expose de lui-même est une œuvre excellente : il dit bien les
qualités sympathiques et intelligentes du peintre et du modèle. La tête est vivante;
des tons rosés d’une délicatesse extrême courent sur les joues de ce blond camarade
aux yeux souriants et fins : peinture simple, franche et bien portante. Toujours
différent de lui-même, le jeune maître nous donne dans chacune de ses œuvres
l’imprévu d’un effort nouveau.

Comme M. Roll, M. Brouillet est, dans la mesure de scs forces, un amoureux de
 
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