DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:Guillaume, Eugène: De l'esthétique dans l'enseignement de l'art
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0311
DE L’ESTHÉTIQUE
DANS L’ENSEIGNEMENT DE L’ART
N sait avec quel talent M. Eugène Guillaume occupe, depuis quatre
ans déjà, la chaire d’esthétique au Collège de France. A la distinction
B supérieure de l’écrivain d’art, qui a signé ici même l’admirable étude
jjj) sur Michel-Ange sculpteur, il ajoute l’expérience de l’artiste et l’au-
torité du penseur. Les lignes principales de l’édifice qu’il a projeté
de construire commencent à se dégager; l’harmonie du plan apparaît. Il nous a
semblé que le moment était venu de répondre au vœu souvent exprimé par un
certain nombre de nos lecteurs, en publiant, d’accord avec l’éminent professeur,
quelques-unes des leçons caractéristiques de son cours. Nous donnons aujourd’hui
la leçon d’ouverture, celle qui résume, dans un large exposé de doctrine, les prin-
cipes et le programme d’un enseignement philosophique de la théorie et de l’his-
toire de l’art.
L. G.
Il y a véritablement, entre les arts, tels qu’ils sont pratiqués
aujourd’hui, et la philosophie, une séparation à peu près complète.
Jamais les hommes qui professent les doctrines et ceux qui produisent
les œuvres n’ont eu moins le souci de se rapprocher. On dirait que,
de part et d’autre, on se considère comme des étrangers : on semble
vivre d’idées différentes; on parle un autre langage. Il y a comme
une défiance réciproque, et cela se conçoit sans peine.
La philosophie peut reprocher à l’art contemporain de se renfermer
dans l’imitation de la nature, de s’absorber dans la pratique et de
dédaigner l’élément spéculatif qui est sa raison d’ètre et qui fait sa
grandeur. A son tour, l’artiste observera que le philosophe qui crée
des systèmes reste le plus souvent étranger à la science comme à la
technique des arts. D’un côté, on trouvera que l’œuvre d’art manque
DANS L’ENSEIGNEMENT DE L’ART
N sait avec quel talent M. Eugène Guillaume occupe, depuis quatre
ans déjà, la chaire d’esthétique au Collège de France. A la distinction
B supérieure de l’écrivain d’art, qui a signé ici même l’admirable étude
jjj) sur Michel-Ange sculpteur, il ajoute l’expérience de l’artiste et l’au-
torité du penseur. Les lignes principales de l’édifice qu’il a projeté
de construire commencent à se dégager; l’harmonie du plan apparaît. Il nous a
semblé que le moment était venu de répondre au vœu souvent exprimé par un
certain nombre de nos lecteurs, en publiant, d’accord avec l’éminent professeur,
quelques-unes des leçons caractéristiques de son cours. Nous donnons aujourd’hui
la leçon d’ouverture, celle qui résume, dans un large exposé de doctrine, les prin-
cipes et le programme d’un enseignement philosophique de la théorie et de l’his-
toire de l’art.
L. G.
Il y a véritablement, entre les arts, tels qu’ils sont pratiqués
aujourd’hui, et la philosophie, une séparation à peu près complète.
Jamais les hommes qui professent les doctrines et ceux qui produisent
les œuvres n’ont eu moins le souci de se rapprocher. On dirait que,
de part et d’autre, on se considère comme des étrangers : on semble
vivre d’idées différentes; on parle un autre langage. Il y a comme
une défiance réciproque, et cela se conçoit sans peine.
La philosophie peut reprocher à l’art contemporain de se renfermer
dans l’imitation de la nature, de s’absorber dans la pratique et de
dédaigner l’élément spéculatif qui est sa raison d’ètre et qui fait sa
grandeur. A son tour, l’artiste observera que le philosophe qui crée
des systèmes reste le plus souvent étranger à la science comme à la
technique des arts. D’un côté, on trouvera que l’œuvre d’art manque