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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Nr. 4
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Lostalot, Alfred de: Revue musicale
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0375

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REVUE MUSICALE

usqu’a ce jour, le concours musical de la ville de Paris n’a
pas donné les résultats qu’on en pouvait attendre. Ce n’est
pas un concours d’élèves à proprement parler, puisqu’il
n’impose aucune limite d’âge aux concurrents, et cependant
les candidats couronnés depuis l’origine n’ont guère révélé
d’autres aptitudes que celles d’élèves dont l’éducation ne
laisserait rien à désirer. Les choses s’y passent comme à l’École des beaux-
arts, où c’est tout au plus si l’on voit tous les dix ans se révéler un artiste
parmi les lauréats des prix de Rome. Cet état de choses nous semble d’au-
tant plus inquiétant que les conditions du concours ne sont pas du tout les
mêmes dans les deux cas. On peut à la rigueur supposer que les programmes
gréco-romains de l’École paralysent les facultés créatrices de nos jeunes
peintres, mais la ville de Paris ne traite pas ses candidats en écoliers;
elle leur laisse le champ libre; ils sont maîtres du choix de leur sujet, et
la plus grande latitude leur est octroyée pour le développer au gré de leur
inspiration et suivant la formule qu’ils affectionnent. Il est impossible de se
montrer plus libéral : si donc le concours ne produit rien de bon, ce n’est
pas lui qu’il faut incriminer, mais bien l’insuffisance des concurrents.

Une seule fois la ville de Paris a été récompensée du sacrifice annuel
qu’elle s’impose pour favoriser l’art musical : le concours a produit une
œuvre vraiment belle, originale et puissante, une œuvre d’artiste qui tranche
par son éclat sur le fond terne de l’ensemble des ouvrages couronnés. Au
lendemain du Tasse tout le monde s’écria qu’un musicien nous était né.
M. Benjamin Godard connut l’ivresse de se voir acclamé par toute une salle
d’amateurs éclairés et, ce qui dut le toucher davantage encore, par des
maîtres tels que MM. Gounod et Reyer. Triomphe éphémère, hélas!
M. Godard n’était pas assez riche pour payer sa gloire : le Tasse, porté aux
nues pendant les deux auditions successives qui en furent données aux
concerts du Châtelet, disparut subitement, au grand étonnement des amateurs
et de la critique. On n’a jamais compris cette éclipse subite d’un ouvrage
qui certainement eut rempli la salle du Châtelet pendant un certain nombre
de représentations : les artistes chargés des rôles principaux ne sortaient
pas de l’ordinaire; l’orchestre et les chœurs n’avaient pas été renforcés
spécialement pour cette représentation : les frais, en un mot, étaient les
 
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