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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Nr. 4
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Pottier, Edmond: Les terres cuites de Myrina au Musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0310

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LES TERRES CUITES 1)E MYRINA.

279

Toutes les inscriptions ne sont pas aussi faciles à comprendre.
Par exemple, nous trouvons sur une série d’ailes des mots comme
ecprjêoç, cpépcov, x.tOocptç, xdoov, Ouplaxpov, et d’autres abréviations qui nous
paraissent être des indications notées par l’ouvrier lui-même pour
se rappeler à quel personnage il devait appliquer ces ailes après
la cuisson. Si cette hypothèse est juste, certains de ces mots
désignent l’accessoire important que tenait la figurine. D’autres sont
plus vagues encore, et il est assez curieux de constater que, pour le
modeleur grec lui-même, les personnages auxquels il appliquait des
ailes étaient simplement « un éphèbe », « un joueur de lyre », « un
porteur ». Rien ne prouve mieux qu’à cette époque le goût pour les
figures ailées était purement décoratif et ne cachait pas des con-
ceptions mythologiques bien profondes.

Nous pensons avoir résumé ici les observations les plus impor-
tantes que suggère l’étude des terres cuites de Myrina. La collection
rassemblée au Louvre tranche définitivement la question d’authen-
ticité qu’on avait soulevée au sujet des figurines d’Asie Mineure. Elle
montre que le dernier mot n’a pas été dit sur l’art des coroplastes
grecs après les merveilleuses trouvailles de Tanagre. Nous croyons
que l’avenir nous réserve beaucoup d’autres surprises, caria plupart
des cités grecques n’ont pas encore dévoilé les trésors mystérieux de
leurs nécropoles. Déjà, dans les derniers temps, les rares débris de
Smyrne et les magnifiques fragments de Tarente ont révélé un style
plus rapproché encore des grandes traditions de la plastique. Un
jour, sans doute, l’étude des terres cuites permettra de reconstituer
en entier l’histoire de l’art grec et d'en distinguer avec sûreté les
différentes Ecoles. On sera peut-être alors reconnaissant à l’Ecole
française d’Athènes d’avoir, avec les ressources d’un budget trop
modeste, entrepris une exploration scientifique qui remplace par des
résultats sérieux et incontestables la confusion grave qui régnait
dans les questions de provenance et d’authenticité, si importantes
en archéologie. On n’oubliera pas non plus que, dans l’intérêt de la
science et avec une intention toute patriotique, elle a consenti à se
priver elle-même, non sans regrets, des trouvailles acquises par un
travail de plusieurs années pour en doter généreusement nos
collections nationales.

EDMOND POTTIER.
 
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