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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Lecoy de La Marche, Albert: L' art d'enluminer, 2: manuel technique du quartorzième siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0067

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L’Ail T D’ENLUMINER.

utilisés par les spécialistes (urina sani hominis bibentis vmuni). Mais
l’azur de tournesol avait l’inconvénient de tourner au violet au bout
d’un an ; aussi F employait-on également pour la fabrication de cette
dernière couleur. Mentionnons enfin l’indigo, qui, s’il ne figure pas
parmi les bleus employés purs, entrait néanmoins dans plusieurs
couleurs composées, notamment dans celle qui servait à ombrer les
carnations. L’auteur semble dire qu’il y en avait du bleu et du noir.
En tout cas, son témoignage démontre péremptoirement l’erreur
dans laquelle sont tombés certains auteurs, qui ont prétendu que
l’indigo n’avait pas été introduit en Europe avant le milieu du
xvie siècle. On sait, du reste, que Pline et Vitruve ont parlé d’un
bleu indien combustible, offrant avec cette matière les plus grandes
analogies 1.

Le violet (biffas ou peut-être bissus color, id est violât us) non seule-
ment n’est pas fourni par la nature, mais n’est même pas une couleur
simple. Pour la produire, on se contentait, alors comme aujourd'hui,
de combiner certains bleus avec certains roses, quand on ne voulait
pas se servir du suc de tournesol décomposé dont il vient d’être
question. Les éléments ordinaires de ce mélange étaient l’azur, le
rose de brésil et la céruse, quelquefois aussi l’indigo. Mais on ne se
donnait pas toujours la peine de les mêler à l’avance : quelques enlu-
mineurs donnaient simplement une couche de rose sur le trait ou le
champ qui venaient d’être peints en bleu ; ceux-là étaient moins
consciencieux, et leur ouvrage se ressentait sans doute de l’imper-
fection du procédé 2.

Je passe à la couleur rose (rosaceus color, alias rosetta) pour suivre
l’ordre établi par notre anonyme dans son exposition, bien que cette
couleur ne soit guère qu’une variété du rouge, dont il n’aurait pas dû
la séparer. Le carmin — ou la laque carminée (alaccha) — est traité par
lui avec un certain dédain : il n’en a cure, m'abandonne aux peintres 3,
ce qui nous apprend toujours que les peintres de son temps l’em-
ployaient. Le seul rose, la seule rosette, pour parler son langage,
est, à ses yeux, le produit direct du bois de brésil (lignum brasile,
brasilum), cette matière ligneuse, d’une coloration puissante, qui ne
tire pas son nom d’une contrée de l’Amérique, puisqu’elle était connue
longtemps avant sa découverte, mais qui lui a bien plutôt donné le

L Nos i, 10, 29. Encyclopédie Roret, vol. cité, p. xvn.

2. N05 l, 29.

3. De alaccha non euro : dimitto pictoribus. (N° 13.)
 
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