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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Nr. 2
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Hymans, Henri: Correspondance de Belgique
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0179

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CORRESPONDANCE DE BELGIQUE.

159

L’extrême minutie du petit tableau du Musée de Bruxelles, nous fait voir le
peintre déjà fort proche de la miniature qui devint, peu après, son genre exclusif ;
cette circonstance explique la rareté de ses tableaux.

La maison Ilanfstângel de Munich, vient clc lancer la première série de
quarante reproductions photographiques des tableaux du Musée de Bruxelles.
Ces planches, de très grand format, sont véritablement excellentes; je doute que
l’on pût faire mieux. Les œuvres primitives sont rendues dans la perfection et il
est fâcheux, voyant les services que l’on peut attendre de pareils éléments
d’information, que le prix soit de nature à faire hésiter bien des acheteurs.

Des planches de moindre format, et d’un coût moins élevé, ne peuvent manquer
de trouver un débit facile. Il ne serait peut-être pas mauvais que les directions
des divers musées s’entendissent pour arriver à l’unité de format des reproductions
photographiques.

Votre Chronique a déjà annoncé que M. Franz Meerts vient d’achever pour le
gouvernement la copie, de la dimension de l’original, du grand triptyque de la
Nativité de Hugues Van der Goes, conservé au Musée de l’hôpital de Santa-Maria-
Nuova à Florence.

Ce vaste ensemble, mieux connu sous le nom de retable des Portinari, a été
rendu avec beaucoup de soin. Les portraits de Tomaso Portinari, de sa femme et
de leurs enfants, constituent la partie la mieux venue ; circonstance d’ailleurs
explicable, Van der Goes lui-même paraissant avoir donné des soins particuliers
à ces images d’un fort beau style.

Il s’en faut que l’œuvre originale soit empreinte du sentiment élevé qui caractérise
les pages de Van Eyck, de Van der Weyclen, surtout de Memling. Rien de plus
maladroitement agencé que la composition centrale, où l’Enfant Jésus est couché
tout nu sur la pierre; rien de plus inerte, de moins gracieux que le type des anges,
splendidement vêtus, que le peintre place en adoration autour du nouveau-né.

En revanche, il s’élève à une rare puissance de traduction quand le modèle
pose devant lui et ses figures de bergers peuvent être qualifiées d’inimitables, un
mot qui n’épouvante en aucune sorte M. Meerts, j’ai hâte de le dire.

Sa réputation comme copiste n’était d’ailleurs plus à faire et le gouvernement
lui avait confié, déjà, la reproduction du tableau attribué à Jean Van Eyck au
Musée de Prado : le Triomphe de l’Église. Cette copie est au Musée de Bruxelles.

Si le triptyque de Van der Goes a frappé quelques personnes par une certaine
dureté d’accentuation, par un coloris généralement gris et froid et par une
certaine prédominance du noir dans les demi-teintes, tout cela existe au même
degré dans la peinture originale, passablement malmenée par ce qu’il est convenu
d’appeler, par euphémisme, les restaurateurs.

Je remets à une prochaine lettre l’analyse de quelques travaux d’érudition de
date récente. Les lecteurs de la Gazette auront en même temps l’avantage d’être
renseignés sur d’autres œuvres dont la publication, annoncée depuis un certain
temps, ne saurait être de beaucoup différée.

HENRI H Y M A N S.
 
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