Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Phillips, Claude: Exposition d'œuvres des maîtres anciens à l'Académie Royale: correspondance d'Angleterre
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0181

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
CORRESPONDANCE D’ANGLETERRE.

161

égalé le subtil accord de lignes et de sentiment qui brille ici entre la mère et
l’enfant; l’expression d’amour maternel de la Vierge, voilé cependant par une nuance
mystique de soumission et de révérence, est exquise. Une autre œuvre d’un singulier
attrait est le soi-disant portrait de la belle Simonetta (au colonel Sterling), attribué
à tort au même peintre. La fascination incontestable qu’exerce sur le spectateur
cette tête d’une belle Florentine n’est due qu’en partie à la qualité de la peinture :
selon moi, on n’y découvre ni la main de Botticelli ni celle d’un autre Florentin
de premier ordre ; le dessin de la tête et des mains est loin d’être irréprochable,
et le modelé quelque peu grossier de celles-ci exclut toute attribution à Sandro.
Ce qu’on peut dire, c’est que l’auteur de ce tableau est Florentin, qu’il a subi
l’influence de Pollajuolo et de Botticelli, tout en gardant dans sa manière quelque
chose de personnel. L’expression voluptueuse et passionnée de cette figure dont la
beauté est rehaussée par un riche ajustement de fantaisie, lui prête un grand,
charme et explique assez les louanges qu’on a prodiguées au tableau. Du reste, la
tête ne ressemble ni à la Simonetta (?) du Pitti, ni au merveilleux portrait de
Chantilly, attribué par les uns à A. Pollajuolo, par les autres à Piero di Cosimo.
Une grande et imposante Vierge avec l'Enfant (à lord Wemyss), donnée à Andrea
Mantegna, semble au premier abord mériter cette haute attribution, car la
composition, les belles draperies d’une dureté sculpturale, le coloris remarquable
— composé de tons verts argentés et de rouges adoucis, relevés d’ornements en or
et de teintes d’un vert olivâtre — approchent de bien près du style du grand chef
d’École, mais le dessin trop peu ferme, trop vide, des têtes de la Vierge, et de
l’Enfant Jésus, les formes pauvres des bras -et des mains, ne peuvent émaner de
son pinceau. Cependant, aucun artiste ferrarais ou vénitien connu ne s’est
approché d’aussi près de la manière de Mantegna; nous avons devant nous l’œuvre
d’un imitateur, presque d’un copiste — qui pourrait bien être ce Libéral de Vérone
dont certaines productions à Milan, à Padoue et au palais Doria de Rome révèlent
la préoccupation de suivre d’aussi près que possible les caractéristiques extérieures
du grand Maître. Une intéressante Madone avec l’Enfant, trônant sur une estrade
(à M. Heseltine), attribuée par son possesseur au Bramantino, n’est autre chose
qu’une répétition d’une partie de ce grand tableau du Bréra où l’on voit la Vierge
avec l’Enfant, entourée d’une compagnie cl’anges et de saints, et adorée par le duc
Frédéric d’Urbin — œuvre attribuée au problématique Fra Carnovale et approchant
en tout cas de très près de la manière de Piero délia Francesca. Une grande et
belle lunette, le Couronnement de la Vierge (à M. Charles Butler), paraît appartenir
à l’École de Sienne de la seconde moitié du xve siècle.

Lord Wemyss envoie aussi une attrayante Madone avec l’Enfant Jésus, deLorenzo
di Credi, panneau remarquable surtout par le fini de son exécution et sa bonne
conservation, et par un sentiment recueilli qui le met au rang des meilleures
œuvres du peintre. Une copie ancienne et peut-être contemporaine de la Joconde
du Louvre est d’un travail comparativement grossier, surtout dans les mains, les
draperies et le paysage; la figure a conservé un peu du charme merveilleux de
l’original, et intéresse surtout parce qu’elle nous donne une vague idée de ce qu’a
pu être le coloris du chef-d’œuvre de Léonard.

Un tableau, autrefois bien célèbre en Angleterre, est la Vierge au bas-relief,
donné par M. Waagen et d’autres à Léonard de Vinci lui-même (à lord Monson).
Cette « sainte conversation », qui nous montre la Vierge avec l’Enfant, le petit
xxxiii. — 2e période. 21
 
Annotationen