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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Nr. 3
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Sédille, Paul: L' architecture moderne en Angleterre, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0233

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208

GAZETTE DES BEAUX-ARTS,

l’occasion d’un déploiement inusité. En réalité le goût public fut
transformé par cette longue suite de travaux, et la Renaissance
gothique, désormais prépondérante, couvrit bientôt l’Angleterre de
nombreux édifices inspirés par tous les types religieux ou civils du
moyen âge.

Bien que sir Ch. Barry ait profondément modifié et amélioré son
premier projet, soit pour répondre aux nombreuses critiques dont il
fut naturellement l’objet, soit pour satisfaire à des besoins connus
ultérieurement, on peut reprocher à son œuvre de n’être, en tant
qu’architecture, qu’une sorte de paraphrase de la chapelle de Henri VII
à Westminster et de celle du King’s College à Cambridge. Le style
Perpendiculaire, très chargé de détails qui en font le principal
mérite et le charme, ne gagne ni par la répétition infinie ni par le
développement exagéré des dimensions. Certainement le nouveau
Parlement présente de puissantes masses et de grandes lignes, mais,
par la petitesse et la multiplicité du détail, l’ensemble est gris et les
formes particulières sont peu lisibles à distance. Faire un grand
monument en prenant pour point de départ une petite architecture
est tâche difficile. Si les hautes tours qui dominent l’édifice en
silhouettent la masse, les différentes façades se succèdent semblables
à elles-mêmes, sans que l’abondance des ornements puisse en animer
la monotonie. Aussi l’œuvre de sir Ch. Barry gagne beaucoup à être
vue de loin, au travers des brouillards de la Tamise qui souvent
l’enveloppent. Ce voile gris lui donne le prestige de l’indéterminé et
augmente encore ses proportions colossales. L’éclat du soleil le
diminue en le subdivisant, au contraire des chefs-d’œuvre de l’archi-
tecture antique dont la pleine lumière grandit la majesté. C’est
qu’un certain mystère convient à l’art gothique, qui se plait à étonner
les yeux et à frapper l’imagination plutôt qu’à charmer l’esprit par
la simplicité et la pureté des formes.

Si nous pouvions promener le lecteur au travers des somptuosités
intérieures du nouveau Parlement, nous trouverions dans la luxueuse
ornementation des salles les origines de ce grand mouvement d’opinion
qui, depuis trente ou quarante ans, a réhabilité en Angleterre tous
les anciens procédés de décoration délaissés. Dans le vestibule
central, la galerie Waterloo, la Chambre des lords et la Chambre des
communes, les fresques, les riches boiseries, les sculptures, les
mosaïques, les terres émaillées, les bronzes, les fers forgés, les
vitraux sont prodigués.

(La suite prochainement.) PAUL SEDILLE.
 
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