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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Nr. 3
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Mantz, Paul: La collection Charles Stein, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0247

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220

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

clés. Il fut un temps où des critiques, prisonniers d’un idéal res-
treint, considéraient comme une période de décadence celle qui s’est
écoulée entre la mort de Henri IY et la fin de la monarchie. Nous
n’avons jamais souscrit à ces condamnations impertinentes ; et si,
par aventure, une aussi coupable pensée nous était venue, nous en
serions bien guéri en étudiant les richesses, pour la plupart d’origine
française, auxquelles le patient amateur a ouvert les portes de son
cabinet.

Le xviie siècle d’abord. Un des plus grands arts à cette époque
où le luxe était à l’ordre du jour et où le bourgeois lui-même hési-
tait à être mesquin, ce fut l’art du meuble. Après une période de
tâtonnements marquée par le conflit d’influences étrangères, la sa-
vante industrie des ébénistes — ils avaient conservé leur nom,
malgré le changement des matières qu’ils mettaient en œuvre -— fixe
son idéal pendant la seconde partie du règne de Louis XIV et se
résume dans le style dont André-Charles Boulle est le plus glorieux
représentant. S’il fallait parler ici avec une rigueur scientifique,
nous dirions volontiers que, malgré les documents qui précisent la
biographie du grand marqueteur du roi, malgré la connaissance que
nous pouvons avoir de son goût et de ses méthodes, le signe absolu
auquel ses œuvres personnelles doivent être reconnues nous manque
encore. Les lacunes de l’érudition moderne sont sur ce point aisé-
ment explicables. Boulle a eu à côté de lui, même au plus vif de son
succès, des voisins, certainement fort habiles, dont Louis XIV a
utilisé le talent : il a eu aussi quatre fils qui, malgré l’épithète de
« singes » que leur octroie charitablement Mariette, ont continué,
jusqu’au milieu du xvme siècle les procédés de leur père et reproduit
ses modèles. Enfin, si grands qu’aient été les changements du goût,
le style du marqueteur des galeries du Louvre resta en faveur plus
longtemps qu’on 11e croit : même sous Louis XVI, on a fait des imi-
tations de Boulle. Ces choses étranges sont aujourd’hui prouvées par
les monuments et par les textes. E11 peinture, David abroge Boucher
et le supprime; mais dans les arts de l’ornement, les modes nouvelles
11’agissent pas vis-à-vis des modes anciennes avec une aussi farouche
intransigeance. O11 le voit bien dans l’histoire de la céramique : à
la fin du règne de Louis XV, certains faïenciers utilisent encore des
motifs dans le style de 1710.

Mais ce qui importe en cet ordre d’idées, c’est moins la persis-
tance des formes que le mérite original de l’inventeur : on peut le
copier et l’imiter après sa mort; 011 11e le diminue pas. Le pastiche,
 
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