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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Nr. 3
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Rouaix, Paul: La Dulwich College Gallery
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0263

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234

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

longeant les haies pittoresques qui remplacent l’insignifiante mono-
tonie de nos murs. Une barrière à claire-voie, une allée de jardin et
nous voici au seuil du rez-de-chaussée consacré au Musée.

A gauche du vestibule, par la porte ouverte, s’allonge la perspec-
tive gaie de salles bien éclairées où chante la dorure des cadres éveil-
lée par la lumière. Imaginez un petit Louvre en villégiature, dans
quelque endroit apaisé et recueilli, loin du vacarme des rues encom-
brées. Ne dirait-on pas d’un défi jeté par l’Art, venant ainsi trouver
la Nature chez elle? Mais non! l’on rêve bien plutôt d’une récon-
ciliation mystérieuse, d’une sorte de retour au foyer. Ce voisinage
des champs a en outre quelque chose qui charme : une impression de
tranquillité sereine entre par cette porte ouverte sur le silence de
la campagne.

L’installation si heureuse de cette galerie est due à un concours
de bonnes volontés qu’il est intéressant de rappeler.

Noël-Joseph Desenfans, dont le pinceau du peintre Northcote nous
montre la figure aimable et fine, passa sans doute par bien des tribu-
lations avant que, lui, l’enfant trouvé de Douai, il pût devenir consul
général de Pologne en Angleterre. Débarqué à Londres comme pro-
fesseur de langues, il s’égarait parfois aux ventes où le portait son
goût. Une acquisition heureuse, suivie d’une avantageuse cession à
George III, lui ouvrit de nouveaux horizons. Bientôt, grâce à l’amitié
du frère du roi de Pologne, il fut chargé par Stanislas de lui acheter
une collection de tableaux et d’œuvres d’art. Il devait faire les avances
nécessaires. Les intentions du roi étaient des plus louables : l’art
polonais profiterait de cette réunion d’œuvres de goût. Malheureu-
sement le partage de la Pologne survint sur ces entrefaites. Le roi
mourut en 1798, pensionnaire de la Russie, avec un revenu de deux
millions. La collection, déjà considérable, fut laissée pour compte à
Desenfans. En vain des amis puissants s’entremettent. La Russie se
refuse à endosser les engagements de Stanislas. L’affaire traîne. Le
dossier de la réclamation est brûlé aux archives de Pétersbourg.
Desenfans se décide à une vente. Il en publie le catalogue, catalogue
détaillé annonçant, pour les premiers jours de 1802, une exposition
des œuvres en vente « à la grande salle n° 3, dans Berners-street, la
troisième porte à droite en venant d’Oxford-street ». Dans la préface,
aucune amertume à l’égard du roi de Pologne, cause de son embarras.
Suit la nomenclature de cent quatre-vingt-huit tableaux : trente-neuf
seulement figurent dans la galerie actuelle. Mais de 1802 à 1807,
Desenfans fait de nombreuses acquisitions. L’idée d’établir une expo-
 
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