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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Nr. 3
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Rouaix, Paul: La Dulwich College Gallery
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0273

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244

GAZETTE DES BEAUX-AIITS.

effarouchées. Dans le lointain, un jet cl’eau et des arbres. C’est raffiné et
subtil dans le charme. On dirait un de ces proverbes de Musset où,
sur un fond légèrement teinté d’un scepticisme rêveur, passent toutes
les coquetteries des délicatesses et des élégances !

Deux Rembrandt figurent à la Galerie de Duhvich : le premier,
n° 206 du catalogue, est la Jeune fille à la fenêtre. C’est à dessein
que nous avons réservé pour la fin le second, Portrait cle Rembrandt
par lui-même, inscrit sous le n° 189. C’est un bois d’environ 28 cen-
timètres sur 22 cent. 50. Il est signé Rt van Ryn avec cette date 1632.
Le catalogue le donne comme un buste de « jeune homme ». Légè-
rement tourné vers la gauche, cheveux blonds, manteau noir, colle-
rette blanche tuyautée. Le fond gris verdâtre a été repris, peut-être
par une main étrangère : il est surchargé, auréole la face qu’il cerne
et qui s’y trouve dans un contrebas sensible à l’œil. C’est cependant
une œuvre merveilleuse que ce petit portrait qu’on trouve à droite,
dès l’entrée, dans la troisième des salles de Dulwich. Il est difficile
de l’avoir vu sans en garder l’obsession. D’une tonalité blonde, apaisée,
il ne montre pas la fougue de Rembrandt se donnant carrière. Le
pinceau y semble peut-être un peu plus timide, un peu plus retenu.
La touche est légère, fine, attentive, — franche et sûre pourtant.
Ce n’est pas encore le Maître violentant et pétrissant la matière. Il
est jeune. Il est aux environs de vingt-cinq ans. Déjà connu, car la
célébrité lui vint de bonne heure, il a quitté Leyde pour Amsterdam.
C’est l'époque où son atelier s’ouvre à des élèves comme Ferdinand
Bol, comme Gérard Dow. Et même ce qui ajoute une valeur consi-
dérable à cette œuvre de jeunesse, c’est que l’on peut y voir ce qu’il y
avait de Gérard Dow dans Rembrandt, ou — si l’on veut — ce que
Dow a pu emporter de l’atelier de Rembrandt. On sait le soin que le
peintre prenait pour préserver et respecter l’originalité de ses élèves ;
comment admettre cependant que F Apaisement de Gérard Dow fût sorti
de chez Rembrandt, si le Rembrandt de 1632 avait eu la fougue qu’il
montra plus tard ?

Une autre question se pose. Est-ce Rembrandt qui est représenté?
Est-ce un inconnu? Il est inutile de rappeler avec quelle insistance
répétée le maître hollandais s’est plu à se prendre pour modèle.
Dès 1630, il se peint, il se grave : Rembrandt à la toque, Rembrandt
appuyé, Rembrandt aux yeux hagards, Rembrandt riant, etc., etc.
Le personnage représenté dans le tableau de Dulwich a l’âge qu’avait
Rembrandt à l’époque indiquée à la suite de la signature. Le peintre
n’y montre pas la fantaisie des plumes, des pierreries. Si l’âge est le
 
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