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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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Nr. 4
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Guillaume, Eugène: De l'esthétique dans l'enseignement de l'art
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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0322

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DE L’ESTHÉTIQUE ET 1)E L’ART. 291

type des collections historiques que nous voyons se former de toutes
parts.

Ainsi va toujours s’étendant le champ de l’histoire. Mais cela ne
se fait pas sans résistance. Le beau classique est incomparable, et nous
le mettons au-dessus de la discussion. Mais l’admiration dont il est
l’objet, l’amour exclusif des formes que l’antiquité nous a transmises
et que la pratique de près de quatre siècles de Renaissance a rendues
traditionnelles inspirent toujours une défiance marquée contre tout
ce qui ne se rattache point, par des signes étroits d’allégeance, aux
modèles qu’Athènes et Rome nous ont laissés. La lutte n’est pas
encore finie, et chez nous l’art gothique, qui a pris rang dans l’his-
toire, n’a pas encore sa place dans l’enseignement de l’Etat. Fait
illogique dans un pays qui assure la conservation de ses monu-
ments historiques par un important service administratif, sorte d’in-
gratitude chez une nation qui, au moyen âge, a tenu le flambeau des
arts.

L’histoire, dans sa logique, est donc plus libérale que l’art, enclin
par nature, à quelque passion. Mais a-t-elle, aujourd’hui, accompli
sa tâche entière? A-t-elle tout embrassé? Rien, assurément, de
plus heureux pour nous que de rester dans le cercle où elle s’occupe
de l’art. L’antiquité est notre patrie idéale; nous trouvons, surtout en
Grèce, un intime enchaînement, une filiation de chefs-d’œuvre qui se
suivent comme des générations, et nous nous inclinons devant eux à
cause de leur beauté et de l’éternelle raison dont ils sont l’image.
Ont-ils été surpassés quelque part, dans quelque région encore peu
connue et placée au bout du monde? Nous sommes prêts à déclarer
que ce n’est guère possible. Et l’eussent-ils été que nous ne pourrions
que difficilement accorder un égal respect à des productions qui, par
leur caractère le plus profond, différeraient de celles que nous entou-
rons d’une admiration héréditaire.

Mais l’histoire de l’art est une branche de l’histoire de l’huma-
nité; il ne nous est pas permis de la comprendre autrement.
Sommes-nous maîtres de nous occuper seulement des œuvres que
des races, que nous regardons comme privilégiées, ont tirées de
leur génie? Prendrons-nous le parti de ne voir le monde que dans
un cercle d’élection? Exclurons-nous l’Orient de nos études? Je ne
crois pas que nous en ayons le droit. On dit, à la vérité, que l’art de
1 Orient est déréglé : mais là-bas la raison humaine a-t-elle perdu ses
privilèges? On observe qu’il ne présente pas un développement sensible
dans le sens du progrès : sommes-nous bien certains de cette immo-
 
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