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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 33.1886

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https://doi.org/10.11588/diglit.19427#0571

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520

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

doute pour représenter le Christ. Un certain nombre d’autres reliquaires du moyen
âge offrent des exemples de cette bizarre assimilation d’une monnaie ou d’un
camée antique à la figure du Christ, au Roi des rois.

Il faudrait de longues pages pour décrire ou même simplement signaler tout
ce que le trésor de Trêves renferme d’intéressant. Voilà un encensoir d’un type
bien connu, sorte de boule surmontée de la représentation de la Jérusalem céleste,
objet que nous classerions plutôt au xne qu’au xie siècle; voici, plus loin, un de
ces beaux triptyques ornés d’émaux clamplevés tels que les ateliers des bords du
Rhin en produisirent un grand nombre dans le courant du xne siècle.; puis les
couvertures d’évangéliaires en argent repoussé ou ornées de figurines d’ivoire dont
la raideur n’exclut pas une certaine recherche dans le style, aux bords chargés
d'émaux et de cabochons disposés sur un champ filigrané; il y a là quatre reliures
d’orfèvrerie, toutes dignes d’attention, sans parler du contenu, qui ne leur cède
ni en richesse ni en beauté. Signalons aussi, puisque de meuble il est devenu
reliquaire, un élégant coffret en ivoire de fabrication orientale (xne siècle), remonté
en Occident probablement au xme siècle. Nous passerons rapidement sur une
belle crosse limousine du xme siècle, sur le reliquaire aux porteurs (xive siècle),
variante d’un type connu dont un des plus beaux spécimens existe dans la collection
des barons Seillière, où on le désigne sous le nom de châsse aux oiseaux. L’évan-
géliaire que fit exécuter au xive siècle l’archevêque Cuno de Falkcnstein est aussi
une pièce curieuse qui permet de constater parfaitement combien l'art de la
miniature était à cette époque plus florissant en France qu’en Allemagne. Nous
avons bâte d’arriver tout de suite au tableau de la vraie croix, qui a fait partie du
trésor de l’église Saint-Mathias. Ce reliquaire est du xme siècle et mesure plus de
soixante-dix centimètres de haut. Si l’on nous donnait à choisir une pièce parmi
toute l’orfèvrerie de Trêves, nous n’hésiterions pas un instant : l’art doit passer
avant l’archéologie, et le tableau de la vraie croix est une œuvre d’art dans toute
la force du mot. Il fut exécuté vers le milieu du xme siècle pour renfermer un
fragment de la vraie croix, rapporté de Constantinople après la croisade de 1204.
La face, bordée d’émaux, de cabochons et de pierres antiques, parmi lesquelles on
distingue un superbe camée de l’empereur Commode, est divisée par les doubles
croisillons de la croix centrale en vingt compartiments destinés à recevoir les
reliques ; des bandes et des bordures filigranées où se meut tout un monde de
petits animaux, lions, griffons, cerfs, chiens, etc., séparent les différents reliquaires
ou contournent la bordure du tableau; on ne peut, à coup sûr, imaginer une
composition plus gracieuse. Didron, en publiant cet objet dans les Annales
archéologiques, le proclamait un chef-d’œuvre et il avait raison. On peut juger, par
le revers gravé que reproduit la planche ci-contre, si cette appréciation est
exagérée. R est difficile d’imaginer une gravure plus fine et plus habilement
exécutée.

La couverture du Liber Aureus de la bibliothèque de Trêves mérite une men-
tion. Elle n’est que de Tannée 1499, ainsi que nous l’apprend l’inscription gravée
au bas de la reliure; l’exécution est médiocre, et tout l’intérêt en réside dans un
beau camée antique, sardonyx à trois couches, qu’elle enchâsse. Il n’est pas de la
meilleure époque (ive siècle), mais des plus intéressants, au point de vue icono-
graphique. M. Palustre y reconnaît, avec toute vraisemblance, les portraits de
Valentinien Ier, Gratien, Flavia Constantia et Justine, seconde femme de Valcnti-
 
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