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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 22.1899

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Nr. 2
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Gauthiez, Pierre: Notes sur Bernardino Luini, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24686#0116

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

central, ce mouvement de l’Enfant-Dieu qui se penche vers l’Ange
et veut toucher Yarpicordo, n’est point rare dans l’école lombarde
ancienne ; on le retrouve, par exemple, et très semblable, dans la
Madone, assise sur un trône comme celle de Legnano, comme elle
entourée par des anges, que l’on conserve à Brera sous le nom de
Vincenzo Foppa 1 ; même attitude, môme tendresse dans l’inspira-
tion, et déjà le type des anges, ces anges roux si gracieux, prépare,
annonce Luini ; il manque seulement la fleur des tons, ce charme
qui devait naître sous les doigts de Bernardino.

Ce tableau de Legnano, je veux ajouter, à la gloire de la Lom-
bardie, qu’il n’a point quitté sa vieille église enfumée, malgré les
offres somptueuses de la National Gallcry. Bien des fois, et avec des
chiffres toujours plus alléchants, le musée anglais est venu, revenu
tenter la bourgade italienne ; on a refusé. La Madone, avec sa cour
d’apôtres et de confesseurs, est demeurée au lieu même où le peintre
la fit placer, il y a quelques trois cents ans. Que Legnano, après
avoir si glorieusement prouvé son attachement légitime à ce trésor,
unique dans l’histoire de Luini et de la peinture lombarde, fasse un
autre effort, moins coûteux et aussi méritoire : qu’on enlève le bal-
daquin, que le tableau soit dégagé, mis en lumière. On n’aura garde
d’y laisser toucher un restaurateur : il est neuf, il est intact, il est
superbe, il faut à peine l’essuyer avec une étoffe de soie pour lui
rendre toute sa fraîcheur. Seulement, il est à peu près invisible.
Après avoir si vaillamment sauvegardé leur Luini, après ce triomphe
bien plus précieux que les victoires remportées, au xue siècle,
sur Frédéric Barbcrousse 2, les Lombards doivent lui marquer
leur piété par d’autres soins encore : qu’ils nous permettent de le
voir !

En l’année 1517, Luini aurait peint, dans l’église de Borgosesia,
entre Novare et Varallo, une Pentecôte signée « Bernardinus Lilinus,

1. Musée Brera, salle I, n° 81, p. 44 du catalogue.

2. C’est à Legnano que la Ligue lombarde vainquit Frédéric Barbcrousse, le
29 mai 1176. « En 1491, le Sénat de Venise demandait au Pérugin de peindre la
Bataille de Legnano dans la salle des délibérations ; le Pérugin fit un prix trop
élevé. En 1515, Titien s’estima heureux d’exécuter le travail, etc. ». Cette pein-
ture a péri dans l’incendie du Palais ducal, en 1577. Mais je crois que M. Müntz
(Raphaël, p. 43) a été induit par Gaye (Carteggio, 11, 69-70) à nommer Bataille de
Legnano ce qui était en réalité la Bataille de Spolète. V. Milanesi, Comment, à la
vie du Pérugin, dans Vasari, III, 614-617. — Francesco Sansovino, Venezia
descritta, p. 327 et suiv. (éd. de Venise, 1663, in-4°). Crowe et Cavalcaselle,
Tiziano, I, ch. v.
 
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