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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 22.1899

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Nr. 2
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Riat, Georges: Une exposition de dessins au Cabinet des estampes de Paris
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https://doi.org/10.11588/diglit.24686#0123

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EXPOSITION DE DESSINS ÀU CABINET DES ESTAMPES 113

ce parodiste de Rembrandt, Lagneau, lequel ne se complaisait que
parmi les trimardeurs de bas étage, ses modèles favoris; un curieux
dessin de Jacques Androuet Ducerccau, qui représente le portail du
château de Charleval, d’un style précieux, avec les fleurs de lys,
les C du nom de Charles IX entrelacés, et des chimères accroupies
du plus amusant effet. N’ayons garde d’oublier un portrait par Fran-
çois Quesnel, qui a su rendre à souhait la physionomie pensive,
la bonhomie rude et narquoise de Sully.

Ce François Quesnel, Ecossais, présente à la cour par Louise de
Vaudémont, femme de Henri III, mourut en 1619, l’année même
où naissait Lebrun, qui figure à l’Exposition avec une étude de
draperie, tracée sur gros papier à dessin, où l’on croit déterminer
une Salomé à qui on apporte la tète de saint Jean. C’est encore un
spirituel croquis de Boucher, qui a enlevé en quelques traits une
scène du Mariage forcé, et d'après lequel Laurent Cars a gravé sa
planche pour l’édition des œuvres de Molière par Jolly, avec mé-
moires par Bombarde et Foncemagne, laquelle parut à Paris en
1734. Tout près est un portrait de prélat par Moreau le jeune, signé
et daté de 1784. M. Emmanuel Bocher ne l’a pas identifié, et les
comparaisons que nous avons faites avec les portraits de Loménie
de Brienne, du cardinal de Polignac et d’autres évoques ne nous
ont pas donné le nom de ce personnage, dont l’aspect paterne con-
traste avec l’appareil mythologique et théâtral où l’artiste l’a
encadré h

En remontant toujours dans le siècle, nous trouvons une fort
intéressante étude de David, qui est tout ce qui reste d’un de ses
tableaux les plus célèbres. Il y a croqué, d’après nature, la tête
de Le Pelletier de Saint-Fargeau quelques jours avant que ce
dernier fût assassiné par l’ancien garde du corps Pâris, au Palais-
Royal. Le farouche conventionnel y revit avec sa physionomie
étrange et impressionnante, son énorme nez busqué, son front
fuyant et ses cheveux rejetés en arrière, en une attitude pleine
d’énergie. Cette étude servit, après coup, pour la Mort de Le
Pelletier de Saint-Fargeau, qui, placé à la Convention, fut retiré
de la salle des séances, au 9 thermidor, racheté et détruit par sa
hile, comme si elle rougissait de ses origines1 2. De cette époque

1. Peut-être est-ce Colbert de Seignelay, député aux États-Généraux de 1789.

2. Ce dessin a sans doute été utilisé pour un autre portrait de Te Pelletier de
Saint-Fargeau par David, dont on ne suit plus la trace depuis longtemps. Serait-il
encore dans la famille?

xxii. — 3' PÉRIODE.

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