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Nr. 2
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
A Giotto ou à ses élèves? Lisez le très beau chapitre où M. Bertaux a résumé en
formules presque définitives le « caractères giottesque », et regardez ensuite les
photographies de nos fresques ; vous y verrez tout autre chose. Vous verrez des
scènes de drame touffu et dispersé, où Lunité n’est plus la règle, où la passion
l’emporte sur le pur souci de la ligne et sur la noblesse classique. Et si les sou-
venirs de Sienne et d’Assise vous sont assez présents, vous songerez aux petits
tableaux où Duccio, ce byzantin qui ouvre une ère nouvelle, a raconté si puis-
samment la Passion, aux fresques où Pietro Lorenzetti, avec plus de violence et
d’amertume, a traduit les modèles de Duccio.
Oui, les peintures de Santa Maria di Donna Regina sont siennoises ; elles
sont l’œuvre principale d’une école d’art qui fleurissait à Naples dès avant l’arri-
vée de Giotto. C’est en 1317 que Simone Martini achève son délicieux retable de
San Lorenzo ; c’est en 1320 peut-être, qu’un Siennois inconnu, mais dont la fac-
ture rappelle de très près Simone, peint avec minutie cet admirable portrait de
l'archevêque Humbert d’Ormont, que le livre de M. Bertaux nous révèle. Quel est le
nom de l’élève, ou plutôt des élèves de Duccio, à qui nous devons l’immense décor
de Santa Maria di Donna Regina? Nous l’ignorerons peut-être toujours, en l’ab-
sence des documents d’archives; mais nous pouvons a Imettre, et c’est beaucoup
déjà, que ces fresques sont l’œuvre d’élèves de Duccio. Discuter les détails de
style, préciser davantage les dates serait malaisé en ce moment, loin des fres-
ques originales, que des photographies trop réduites, si parfaites soient-elles, ne
peuvent entièrement suppléer. Ce n’est que partie remise; mais je ne quitterai
point ce beau livre sans rendre hommage encore à tant de logique et de clarté
unies à tant de charme, qualités peu communes, même parmi nos meilleurs
érudits.
ANDRÉ PÉRATÉ
L’Adminislraleur-gérant : J. ROUAM.
PARIS. — IMPRIMERIE GEORGES PETIT, 12, RUE GODOT-DE-MAUR 01
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
A Giotto ou à ses élèves? Lisez le très beau chapitre où M. Bertaux a résumé en
formules presque définitives le « caractères giottesque », et regardez ensuite les
photographies de nos fresques ; vous y verrez tout autre chose. Vous verrez des
scènes de drame touffu et dispersé, où Lunité n’est plus la règle, où la passion
l’emporte sur le pur souci de la ligne et sur la noblesse classique. Et si les sou-
venirs de Sienne et d’Assise vous sont assez présents, vous songerez aux petits
tableaux où Duccio, ce byzantin qui ouvre une ère nouvelle, a raconté si puis-
samment la Passion, aux fresques où Pietro Lorenzetti, avec plus de violence et
d’amertume, a traduit les modèles de Duccio.
Oui, les peintures de Santa Maria di Donna Regina sont siennoises ; elles
sont l’œuvre principale d’une école d’art qui fleurissait à Naples dès avant l’arri-
vée de Giotto. C’est en 1317 que Simone Martini achève son délicieux retable de
San Lorenzo ; c’est en 1320 peut-être, qu’un Siennois inconnu, mais dont la fac-
ture rappelle de très près Simone, peint avec minutie cet admirable portrait de
l'archevêque Humbert d’Ormont, que le livre de M. Bertaux nous révèle. Quel est le
nom de l’élève, ou plutôt des élèves de Duccio, à qui nous devons l’immense décor
de Santa Maria di Donna Regina? Nous l’ignorerons peut-être toujours, en l’ab-
sence des documents d’archives; mais nous pouvons a Imettre, et c’est beaucoup
déjà, que ces fresques sont l’œuvre d’élèves de Duccio. Discuter les détails de
style, préciser davantage les dates serait malaisé en ce moment, loin des fres-
ques originales, que des photographies trop réduites, si parfaites soient-elles, ne
peuvent entièrement suppléer. Ce n’est que partie remise; mais je ne quitterai
point ce beau livre sans rendre hommage encore à tant de logique et de clarté
unies à tant de charme, qualités peu communes, même parmi nos meilleurs
érudits.
ANDRÉ PÉRATÉ
L’Adminislraleur-gérant : J. ROUAM.
PARIS. — IMPRIMERIE GEORGES PETIT, 12, RUE GODOT-DE-MAUR 01