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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 22.1899

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https://doi.org/10.11588/diglit.24686#0187

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BIBLIOGRAPHIE

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funèbre, sa tête délicate appuyée à un oreiller, la reine dort paisiblement son
dernier sommeil. Deux anges écartent les courtines du dais au-dessus duquel
trônent la Vierge et l’Enfant; deux autres anges présentent l’encens et l’eau
bénite ; et, plus haut encore, au fronton triangulaire et fleuronné qui domine le
monument, apparaît, derrière le buste du Christ, la ligure protectrice de l’archange
saint Michel.

L’auteur de ce chef d’œuvre est le siennois Tino di Camaino, qui sculpta éga-
lement, pour l’église de Santa Ghiara, les tombes de Charles, duc de Calabre, et
de Marie de Valois, sa seconde femme. M. Bertaux lui attribue aussi le mausolée
de Catherine d’Autriche, conservé dans le chœur de San Lorenzo. monument con-
sidérable tout rehaussé d’éclalantes mosaïques, et rappelant à bien des points
de vue une œuvre incontestable de Tino, le magnifique tombeau de Henri VIII,
dont les fragments gisent dispersés au Campo Santo de Pise ; de ce dernier tom-
beau notre auteur esquisse pour la première fois, après les essais contradictoires
des érudits qui l’ont précédé, une reconstruction idéale et logique. Toutes ces
pages consacrées ai sculpteur siennois et à ses élèves sont d’une sûreté de cri-
tique inébranlable.

Mais allons aux fresques. La vieille église en était toute vêtue intérieurement,
du sommet de ses murailles jusqu’au niveau de la vaste tribune des religieuses,
qui la divise pour ainsi dire en deux étages. La partie haute de ces fresques est
malheureusement coupée par un plafond à caissons de bois sculpté qui a masqué,
au xvie siècle, la charpente de la toiture ; ailleurs, d’irréparables dégâts ont sup-
primé peu à peu bien des compositions précieuses. On distingue encore, proche
du chœur, les restes d’une Apocalypse, et, sur l’arc triomphal, la hiérarchie des
Puissances célestes qui devait faire cortège au trône de l’Agneau; puis, entre les
fenêtres, groupées deux par deux, de grandes figures de saints et d’apôtres. C’est
dans la région qui domine le chœur des religieuses que les fresques ont le moins
souffert. Toute la paroi du fond, qui forme le revers de la façade, divisée en trois
travées par deux longues fenêtres ogivales, est occupée parle Jugement Dernier.
Au milieu, la Résurrection des corps ; à gauche, le Paradis ; à droite, l’Enfer. Les
prophètes, les apôtres, les saints et les innombrables milices du ciel se succèdent
en rangs pressés autour du Christ Juge, assis dans une gloire et imploré par la
Vierge et le Précurseur. Voilà donc, après Torcello, Sanf Angelo in Formis, Tos-
canella, la dernière en date de ces compositions byzantines du Jugement dernier,
qui déjà se transforment en Italie, sous l’influence vivifiante de Giotto. La paroi
est, qui va de l’extrémité droite de ce Jugement jusqu’à la première fenêtre laté-
rale, comprend vingt compartiments de fresques, horizontalement répartis cinq
par cinq: en bas, cinq histoires de la vie de sainte Elisabeth de Hongrie; au
dessus, quinze scènes de la Passion et des Apparitions du Christ, que complètent,
sur le mur qui ferme presque entièrement la première fenêtre, l’Ascension et la
Pentecôte. Sur la paroi ouest, récemment délivrée du badigeon, sont peintes par
séries verticales des légendes dont deux seulement subsistent, celles de sainte
Catherine et de sainte Agnès.

L’Italie possède bien peu de cycles de fresques comparables à celui-là, par
les dimensions comme par l’ancienneté. Mais à qui en faire honneur? A des
artistes napolitains? Le peu que nous connaissons à Naples d’art local, au
xive siècle, nous montre de pauvres copistes végétant dans la servitude byzantine.
 
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