Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 22.1899

DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:
Merson, Olivier: À propos de quelques grandes œuvres disparues de Charles le Brun
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24686#0386

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
366

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Victoires ailées, en bronze doré feint, et, en bas, contre les flancs
ornementés de la nef, au-dessus des cornes d’abondance, deux
robustes captifs étaient assis enchaînés et moroses. Cela proclamait,
ai-je besoin de le dire? que Louis Quatorzième triomphait dans tout
l’univers, l’allégorie ne se refusant aucune amplification, se plaisant
aux hyperboles. Pour nous, il nous suffira d’y voir un motif déco-
ratif particulièrement bien agencé, une nouveauté en son genre,
aussi pittoresque qu’ingénieuse, preuve que si nul, peut-être, n’eut
l’invention plus facile que notre artiste, il eût été malaisé d’en
avoir à l’occasion d'une meilleure sorte, d’une originalité plus
intelligente et plus hardie b

Quant au plafond, dix-huit cartouches le divisaient, cartouches
de formes et de proportions variées et alternées, de la corniche
portée par les termes au grand châssis d’éclairage, dont la pénétra-
tion était elle-même décorée de consoles et de guirlandes et dorée.
Huit des sujets contenus dans les cartouches déifiaient le roi dans
la paix et dans la guerre, dans l’administration du royaume et les
arts, tous les personnages costumés à l’antique, couleur lapis sur
champ d’or imitant la mosaïque; les autres, des abstractions : la
Peinture, la Poésie, la Sculpture, l’Histoire, etc., semblaient d’or et
d’or étaient aussi tous les cadres richement ouvragés des cartouches.

De l’or partout. C’était une profusion. Il y en avait sur la proue
des navires en rinceaux, en agréments, rehaussant, éclairant le
bronze des termes, sur la moluration et les modillons de la cor-
niche, sur les attributs, les armes, les vases, les griffons, les acces-
soires, et dans cet éblouissement, çà et là, de petits génies « peints
au naturel » voletaient, soutenant d’épais festons, de grosses guir-
landes de fleurs peintes également « au naturel » par Fontenay et
Monnoyer.

Quel effet ne pouvaient manquer de produire aux yeux, quelle
secousse d’étonnement et d’admiration devaient imprimer à l’esprit
tant de richesses accumulées, mais parfaitement réglées, d’une
abondance judicieusement répartie, quand paraissait le dieu de cet
empyrée, qui s’était condamné à toujours être en scène, précédé de
ses pages, accompagné des grands officiers de premier rang, des
capitaines en quartier, des gardes de la manche en hocquetons 1

1. A Versailles, aux angles du salon de Vénus, auquel accédait l’escalier
des Ambassadeurs, salon décoré par Rouasse sur les plans de Le Brun, le « pre-
mier peintre » fit répéter ce motif, mais en le simplifiant, en l’appropriant aux
dimensions de la pièce.
 
Annotationen