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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 22.1899

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Nr. 5
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Merson, Olivier: À propos de quelques grandes œuvres disparues de Charles le Brun
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https://doi.org/10.11588/diglit.24686#0387

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QUELQUES OEUVRES DISPARUES DE CHARLES LE BRUN 367

blancs pailletés d’argent et d’or, des gardes de la prévôté, le hocque-
ton hérissé de bouillons d’orfèvrerie, de ses gardes du corps, de ses
mousquetaires, de sa garde écossaise ; quand princes du sang,
princes étrangers, ducs et pairs, « en grand habit », vêtus d’écarlate,
de velours et de brocart, princesses, duchesses et autres dames
dont les robes étaient si brodées et si brochées qu’on n’en voyait
pas l’étoffe, quand la Cour, pour tout dire en un mot, montait avec
une auguste lenteur, ou descendait le Grand Degré, bordé à droite,
à gauche, de cent Suisses bariolés, avec fraise au col et panaches au
chapeau, immobiles comme des statues, pertuisane au poing ; — ou
encore lorsque les ambassadeurs, en pompeux cortège, solennelle-
ment traités, faisant assaut d’étalage, venaient d’Espagne, de Gènes,
de Venise ou de Rome, d’Allemagne, d’Angleterre, de Turquie ou
du fond de l’Asie, s’incliner avec les méticuleuses cérémonies en
usage devant Sa Majesté le Roi Soleil! Et le soir, sous les feux de
mille et mille bougies, quand il y avait musique, l’escalier du Roi,
le lieu du château où elle se faisait le plus agréablement entendre,
« pouvait disputer de magnificence avec les plus beaux palais du
monde 1 ».

Jamais, nulle part, décor royal ne fut aménagé avec plus d’opu-
lence et de sagesse à la fois. L’idée est une; chaque partie de l’orne-
mentation s’y rapporte dans une mesure proportionnée à son rôle.
Alors, l’accord étant parfait entre la pensée qui a créé et la main
qui a exécuté, l’abondance ne cause point de fatigue à l’esprit du
spectateur. Si l’on se dispense d’une attention soutenue, il semble
que l’on atout vu et bien vu d'un coup d’œil; si l’on examine avec
soin, des combinaisons qu’on a plaisir à démêler se détachent d’une
complication au fond plus apparente que réelle.

En d’autres termes, malgré la profusion des éléments déco-
ratifs, malgré la succession des motifs, leur mouvement particulier
et leur intérêt propre, un grand calme domine, règle l’agence-
ment général, parce que tout est en harmonie, composé avec une
sûreté de méthode, une raison qui n’excluent ni la chaleur, ni
la verve. Abondance et tranquillité, nombre et enchaînement,
variété et pondération, vigueur et sourires, largeur et délicatesse,
se rencontrent dans l’ensemble, dans les détails. Sans ornements
d’appoint, sans autre appel à l’œil que ses larges divisions de beaux
marbres polis « mis les uns dans les autres », le soubassement,
très grave, offre une base sévère et solide aux richesses de l’ordre
1. Le Mercur galant, juin 1682.
 
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