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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 22.1899

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Nr. 5
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Renan, Ary: Gustave Moreau, 5
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https://doi.org/10.11588/diglit.24686#0446

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

si subtil ! Non point immergée au sein des flots, mais retirée dans
une grotte que le flux a laissée tout humide, Galatée est la fée
souveraine d’un monde miraculeux : ce sont les abîmes des mers
tapissés de mouvantes végétations, d’organismes épanouis, de pro-
toplasmes qui ont leur part dans le fieri mystérieux des choses ;
c’est, comme l’a dit le poète,

La bête épanouie et la vivante flore.

Là, parmi les coraux, les encrines, les actinies, le test des coquilles
qui forment les assises des continents, s’élaborent des éclosions
pleines de grâce,

Et tout ce que le sel ou l’iode colore,

Mousse, algue chevelue, anémones, oursins,

Revêt de pourpre sombre aux somptueux dessins
Le fond vermiculé du pâle madrépore.

Pour se guider dans ce laboratoire de la nature, Moreau
recourut aux documents scientifiques. Une de ses promenades
favorites, après celles qui le menaient si souvent au Louvre, était
de fréquenter au Jardin des Plantes et au Muséum. Il passa de
longues heures devant les espèces animales que l’art peut ennoblir
et auxquelles la Fable a donné jusqu’à la parole. Il est résulté do
ces studieuses promenades des croquis d’album serrés comme ceux
d’un Pisanello — une des séries les plus riches que contiennent les
cartons du nouveau musée, surtout à la date où Moreau interpréta
La Fontaine. — Pour la Galatée, il dut s’adresser à la bibliothèque
du Muséum, et le voilà penché sur les lourds in-folio qui traitent
des premières explorations océaniques. Celles-ci n’avaient pas encore
atteint les grandes profondeurs qui ont livré à la science moderne
de si surprenants secrets, et il fallait se contenter des relations de
voyages comme la circumnavigation de la Novara, ou de répertoires
gravés en chromolithographie. La même patience éveillée qu’il
apportait à d’autres heures à dépouiller les planches d’un mémoire
sur les Antiquités du Radjastan pour y chercher les lois de l’archi-
tecture hindoue, Moreau la dépensa à scruter, le crayon et le pinceau
d’aquarelle à la main, une Actinologia britannica, notant ses réfé-
rences avec le soin qu’il apportait à toute chose, inscrivant, à l’angle
de son dessin, la cote de l’ouvrage de Philippe Henry Gosse, par
exemple (Londres, 1860). Mais on le pressent, en passant par ses
mains, la faune et la flore abyssales prendront des formes unique-
 
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