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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Reymond, Marcel: L' architecture des tombeaux des Médicis
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0040

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L’ARCHITECTURE DES TOMBEAUX DES MÉDICIS

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peut agir librement pour ordonner ses nouveaux motifs, mais parce
que, en répétant les formes architecturales de ses tombeaux, il en
diminue l’ellet. Se croyant obligé de tenir compte des divisions gé-
nérales des tombeaux, il prend comme ligne maîtresse la corniche
placée au-dessus des sarcophages; et c’est cela qui fixe la hauteur des
portes. Et alors, comme ces portes sont trop basses et mal propor-
tionnées à la grande architecture de la Sacristie, il s’ingénie pour
leur donner un peu de valeur; mais l’expédient dont il se sert, les
grosses consoles qui soutiennent la corniche ne font qu’en souligner
et en accroître la faiblesse architecturale.

Au-dessus des portes, dans le grand espace libre, il prolonge
l’architecture des tombeaux; mais, comprenant peut-être l’illogisme
de la frise terminale, il la supprime, et les nouvelles niches, qui
grandissent pour garnir tout l’espace vide, écrasent par leurs propor-
tions énormes les niches des tombeaux. Pour décorer ces niches,
il a recours aux plus condamnables fantaisies architecturales, cher-
chant des nouveautés dans des formes d’une inutile et disgracieuse
complication, qui contrastent avec le style plus simple et plus pur
des tombeaux.

Plus tard, trente ans après que Michel-Ange eut quitté Florence
et laissé dans l’état où nous les voyons la Sacristie et les tombeaux,
ses élèves, Vasari en tète, projetèrent de terminer cette œuvre encore
inachevée. Une très intéressante lettre de Vasari, en date de 1562,
adressée à Michel-Ange, lui fait les offres de tous les artistes llo-
rentins et décrit les peintures, les bas-reliefs, les statues, qu’il pro-
pose de faire, et, dans ses projets, figurent tout naturellement les
statues à mettre dans les niches laissées vicies par Michel-Ange.

Nous n’avons pas la réponse de Michel-Ange; mais il nous est
facile, je pense, de la deviner. Il dut penser que son œuvre ne pou-
vait recevoir une terminaison logique, que tout ce que l’on y ajoute-
rait désormais ne pourrait que lui nuire, et, par son vain bruit, nous
empêcher d’écouter les paroles émouvantes qui, seules en ce lieu,
valent d’être entendues.

Au cours de cette étude, nous avons vu comment, par la force
des choses, Michel-Ange a été amené à sacrifier l’architecture dans
les tombeaux des Médicis, pour tout subordonner à ces statues
qui, par leur vie intense, prennent une place prépondérante et font
tout s’effacer autour d’elles. Sans le vouloir, Michel-Ange, qui
était pourtant un grand architecte, et qui n’aurait pas osé concevoir

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