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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
mémo parmi le fiévreux essor des originalités qu’exaltent l’en-
thousiasme de la recherche et l’espoir de la découverte1. Pourtant
ce sont les expositions collectives d’estampes2 et les expositions
particulières ouvertes à Vienne (1902) et à Londres (1903 et 1906)
qui ont surtout indiqué comment il advint à M. Belieroche de
prendre position et de tenir une place de premier plan dans la
renaissance de la lithographie.
Bien avant qu’il couvrît la pierre, on avait aimé en lui le pein-
tre, anglais d’origine et français d’adoption, chez qui s’unissent
les aspirations des deux écoles riveraines de la Manche. Autant qu’à
ses débuts, M. Belieroche est demeuré épris du faste de la couleur;
ses plus récents tableaux le montrent toujours actif, curieux, en
quête de progrès et en voie d’acquisitions; on s’y persuade que le
talent du peintre n’a pas recueilli un négligeable profit des travaux
auxquels le lithographe s’est parallèlement livré; M. Belieroche
leur doit l’autorité plus mâle de la construction, un sens mieux
averti du prix de la lumière. Maintenant, en quelle conjoncture ce
second champ s’est-il ouvert à son activité? Sous le coup du dépit.
En 1899, la piètre traduction d’un de ses dessins lui met de vive
force le crayon gras à la main; M. Belieroche ne s’est plus avisé
de le délaisser, si l’on en juge d’après son œuvre qui compte plus de
deux cent cinquante pièces aujourd’hui.
Œuvre divers, chaque jour repris et accru au caprice d’une verve
généreuse et facile. OEuvre puissant et tendre qui célèbre la femme
de notre temps, selon la rencontre du modèle, à Londres et à Paris,
partout où sollicitent et inspirent la grâce et la beauté. OEuvre
très moderne et qui s’apparente, pour l’ordre des sujets et le style
de la mise en pages, à l’œuvre d’un Sargent, d’un Helleu ou d’un
Besnard. Les têtes d’expression, d’étude, de caractère y composent
une iconographie fertile en charmes et en contrastes ; M. Belle-
roche définit la séduction des masques mobiles et nerveux, la sub-
tilité fugitive du sourire errant sur les lèvres et le regard perdu
dans le lointain du rêve; on devine, on partage la joie d’opposer
l’harmonie pâle des yeux pers et des chevelures cendrées au jais
des prunelles brillantes et des larges bandeaux qui descendent, le
t. Des lithographies de M. Belieroche ont figuré au Salon d’Automne de 1903,
1904, 1903 et 1906; la première année, le catalogue les qualifie d’eaux-fortes, la
seconde, il les range parmi les fusains.
2. Lors de l’exposition du centenaire d’isabey et Raffet, en 1904, la section
contemporaine réunissait un ensemble de 48 lithographies de M. Belieroche.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
mémo parmi le fiévreux essor des originalités qu’exaltent l’en-
thousiasme de la recherche et l’espoir de la découverte1. Pourtant
ce sont les expositions collectives d’estampes2 et les expositions
particulières ouvertes à Vienne (1902) et à Londres (1903 et 1906)
qui ont surtout indiqué comment il advint à M. Belieroche de
prendre position et de tenir une place de premier plan dans la
renaissance de la lithographie.
Bien avant qu’il couvrît la pierre, on avait aimé en lui le pein-
tre, anglais d’origine et français d’adoption, chez qui s’unissent
les aspirations des deux écoles riveraines de la Manche. Autant qu’à
ses débuts, M. Belieroche est demeuré épris du faste de la couleur;
ses plus récents tableaux le montrent toujours actif, curieux, en
quête de progrès et en voie d’acquisitions; on s’y persuade que le
talent du peintre n’a pas recueilli un négligeable profit des travaux
auxquels le lithographe s’est parallèlement livré; M. Belieroche
leur doit l’autorité plus mâle de la construction, un sens mieux
averti du prix de la lumière. Maintenant, en quelle conjoncture ce
second champ s’est-il ouvert à son activité? Sous le coup du dépit.
En 1899, la piètre traduction d’un de ses dessins lui met de vive
force le crayon gras à la main; M. Belieroche ne s’est plus avisé
de le délaisser, si l’on en juge d’après son œuvre qui compte plus de
deux cent cinquante pièces aujourd’hui.
Œuvre divers, chaque jour repris et accru au caprice d’une verve
généreuse et facile. OEuvre puissant et tendre qui célèbre la femme
de notre temps, selon la rencontre du modèle, à Londres et à Paris,
partout où sollicitent et inspirent la grâce et la beauté. OEuvre
très moderne et qui s’apparente, pour l’ordre des sujets et le style
de la mise en pages, à l’œuvre d’un Sargent, d’un Helleu ou d’un
Besnard. Les têtes d’expression, d’étude, de caractère y composent
une iconographie fertile en charmes et en contrastes ; M. Belle-
roche définit la séduction des masques mobiles et nerveux, la sub-
tilité fugitive du sourire errant sur les lèvres et le regard perdu
dans le lointain du rêve; on devine, on partage la joie d’opposer
l’harmonie pâle des yeux pers et des chevelures cendrées au jais
des prunelles brillantes et des larges bandeaux qui descendent, le
t. Des lithographies de M. Belieroche ont figuré au Salon d’Automne de 1903,
1904, 1903 et 1906; la première année, le catalogue les qualifie d’eaux-fortes, la
seconde, il les range parmi les fusains.
2. Lors de l’exposition du centenaire d’isabey et Raffet, en 1904, la section
contemporaine réunissait un ensemble de 48 lithographies de M. Belieroche.