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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Gayet, Albert: Les portraits d'Antinoe͏̈
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0144

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

poitrine, sont traités dans une facture de fresque, avec cette recher-
che de ressemblance qu’accusent les dégradés des tons de chair, les
ombres habilement réparties, le jeu des draperies, massées par larges
plis.

Cette manière, particulièrement chère aux artistes de la période
alexandrine, a pour objet, tout en rappelant ies traits des défunts,
tout en assurant le support à leur âme, de montrer en même temps
que l’élu a dépouillé son apparence mortelle, qu’il est parvenu à ce
que l’Egypte antique appelait « le repos dans la perfection », sous la
parure de sa toilette funèbre. La composition s’ingénie à établir le
dualisme de sa personnalité. Tous les portraits d’Antinoë sont traités
dans cette facture. C’est d’abord ceux de deux femmes anonymes,
l’une représentée tenant en main une croix d’or. C’est ensuite ceux
de Kéléluthis, de Téoris-Téorris, et enfin d’Ammonius, rapportés ces
dernières années; c’est encore et surtout ceux retrouvés cet hiver.

L’attention du monde savant s’est portée vers ces images, et des
controverses se sont engagées touchant ce point délicat : « Ces
morts étaient-ils chrétiens? » Non, ont répondu quelques-uns *, se
basant sur ce fait, que de petits tableaux, répartis au pourtour de la
toile, s’étendant aux côtés de la momie, donnent des peintures du
dogme pharaonique. Cette année encore, trois de ces portraits repro-
duisent ainsi les rites liturgiques anciens. Mais qu’importe? La tête
de l’élu ne s’en détache pas moins dans le cadre d’un édicule, qui
n'est autre que le naos antique. Deux colonnettes en soutiennent
l'entablement, où s’écartèle le disque ailé, le soleil de nuit, éclairant
le monde funéraire. Mais lorsque l’Egyptien voulut figurer le seuil
paradisiaque, il se trouva forcément obligé d’avoir recours aux
thèmes architecturaux connus de lui. Ce ne fut que vers le ve siècle
que le modèle du portail de la basilique lui fut transmis par
l’Occident, et qu’il l’adopta dans ses peintures, montrant l’introduc-
tion de l’Orante. De même, la croix ansée, le ankli hiéroglyphique,
fut toujours préféré par lui à la croix. Enfin, il est un point sur
lequel on n’a pas assez insisté : le geste attribué au défunt, qui
pourtant est considérable. Pour toute l’antiquité païenne, le rituel
fut supérieur à la prière, celle-ci n’ayant d’efficacité, qu’autant que
le prêtre ou le fidèle observait rigoureusement les préceptes édictés
pour l’ordre des mots, l’intonation de voix qui devait être leur, et
les gestes qui les accompagnaient. C’est qu’aussi, pour eux, cette

1. Orazio Marucchi. Di una copertura cli nummia provenante délia nccropoli di
Antinoe ed ora nel museo egizio vaticcino.
 
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