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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 2
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Germain, Alphonse: Les artistes lyonnais, 5
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0178

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LES AUTISTES LYONNAIS

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arbres, rochers et plans terrestres conservent les crudités, les lour-
deurs, les prosaïsmes de leurs tons locaux ; aucune lumière d’argent
n’y enjolive les roux, n’y atténue les bruns, n’y civilise les autres
incolores. Les gris du Nord sont exquis et embellissent même des
tonalités vulgaires; les gris du Centre sont opaques, infects, et
attristent tout.

De ces observations, pour peu qu’on les médite, on infère que
nos artistes provinciaux cultiveraient leurs dons d’une manière plus
normale et plus profitable en restant dans leur atmosphère. Depuis
la centralisation à outrance, d’innombrables jeunes artistes émigrent
chaque année à Paris; quiconque a du succès ou de l’argent s’y
installe, et plus d'un peintre, plus d’un sculpteur y exécutent des
commandes obtenues dans les départements. Ainsi s’entretiennent,
au détriment de notre art, la pléthore de la capitale et l’épuise-
ment de la province. L'Ecole de Paris est un vaste creuset où se
fondent les divers éléments venus de tous les coins du pays; en
quelques années, ils deviennent des produits d’aspect lamentable-
ment identique. Maints provinciaux, dont les études de début
révélaient l’origine et laissaient voir quelques signes individuels,
sont tout à fait impersonnels et sans type ethnique dans leurs
derniers concours. Les fortes personnalités n’échappent à ce sort
qu’en usant de réactifs violents ou en fuyant ce lien au premier
symptôme de malaise.

Or, dans l’intérêt supérieur de notre art — et aussi de notre
patrie, — on doit conserver avec soin tous les caractères provin-
ciaux. Cela n’est pas contestable. Il serait temps, en vérité, d’expli-
quer aux jeunes artistes de nos départements qu’ils ne sauraient
mieux développer leur originalité qu’en conservant leur esprit de
terroir. Ils ont tout à gagner en vivant sous leur ciel, tout à perdre
en se transplantant à Paris. Qu’ils se bornent à y faire des voyages
d’étude, comme ils feraient à l’étranger; et qu’ils s’appliquent, pen-
dant leur séjour, à maintenir intègre leur personnalité, leur indi-
génat artistique.

Avec le système actuel, ce n’est pas la France qui possède un
art, c’est Paris. Si nous voulons éviter la décadence, il faut réagir
sans retard, en reconstituant dans nos provinces ces foyers d’art,
jadis Lune de nos gloires et de nos richesses. Les exemples vécus par
tant d’artistes lyonnais, et, d’autre part, les succès obtenus dans
l’orfèvrerie par Armand-Calliat, ainsi que dans le vitrail par
M. Lucien Bégule, permettent de supposer qu’une telle tentative
 
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