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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 2
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Ciolkowski: Exposition d'art chrétien à Aix-la-Chapelle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0181

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

du catalogue, « que de donner un aperçu des plus beaux ouvrages d’Aix-la-Cha-
pelle et des environs. Dès le commencement nous avons dû exclure les tableaux,
ainsi que beaucoup de sculptures, faute de lumière et de place. C’est pourquoi
nous nous sommes restreints aux ouvrages d’orfèvrerie, autant qu’ils se rattachaient
au culte. » Mais cet énoncé trop modeste ne dit pas jusqu’où ces « environs »
s’étendent. En fait, l’exposition comprenait des pièces venues de toute la région
du Bas-Rhin et de l’ancien Duché de Limbourg, aujourd’hui morcelé entre
l’Allemagne, la Hollande et la Belgique, et les œuvres d’art qu’elle réunissait
comptent parmi les plus remarquables monuments de l’art chrétien, depuis
la belle époque carolingienne jusqu’à la fin du xvmc siècle, en passant par le
Moyen âge, la Renaissance et le rococo.

-X-

La fameuse « Querelle des Iconoclastes », qui, durant tout le vme siècle, troubla
le Bas-Empire, eut une répercussion plutôt favorable sur l’art occidental. Pour
échapper à la misère, à la persécution et aux lois qui les chassaient, un grand
nombre d’artistes grecs, peintres, émailleurs, orfèvres et ciseleurs, quittèrent
l'Empire.

Rome ayant pris parti pour eux, certains gagnèrent l’Italie; mais d’autres,
préférant l’aventure d’un long voyage, remontèrent le Danube et, traversant les
Alpes de Souabe, descendirent la vallée du Rhin jusqu’à Aix-la-Chapelle, que
des contemporains appelaient la Nouvelle Rome et où siégeait Charlemagne et sa
cour.

Ami et protecteur des lettres et des arts, Charles, qui au concile de Francfort
avait fait désapprouver les décisions du concile de Nicée et les Iconoclastes, fit
bon accueil à ces Grecs, habiles à travailler les métaux précieux.

Quoique l’art et le goût du luxe aient été sensiblement moins développés à Aix
qu’à Byzance, un vaste champ s’offrait quand même à l’activité des artistes. Les
continuelles expéditions de Charles, loin d’appauvrir le pays, l’enrichissaient.
L’or abondait au point qu’un changement eut lieu dans la valeur des monnaies
après qu’Erick, margrave de Frioul, ayant poussé jusqu’au Ring des Avares et
pris leur trésor, l’eût envoyé à Charles.

Il est intéressant de rappeler ici que les artistes byzantins n’eurent pas à
imposer leur style ni à le modifier. Les principes de l’art, qu’ils trouvaient en
vigueur différaient peu de ceux d’où procédait le leur. L’usage des formes recti-
lignes et le décor géométrique du style byzantin, s’accordaient avec ce sens de
force un peu lourde et de grandeur solide que l’art allemand possédait déjà.
Cependant les nouveaux venus se distinguaient par une technique plus habile et
une plus grande richesse de décor. Mais ils ne tardèrent pas à faire des élèves et
leur travail se confondit bientôt avec celui des artistes rhénans, au point qu’il est
souvent difficile, dans nombre d’ouvrages du ixe et du x° siècle, de distinguer un
travail de facture grecque d’un autre de facture locale.

Parmi les plus anciens et les plus beaux exemples d’orfèvrerie rhénane, la
croix d’or prêtée par l’église Saint-Servais de Maestricht est à citer. C’est une
pièce extrêmement rare dont il n’existe que deux semblables : l’une à Tournai
 
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