Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 39.1908)

SÉBASTIEN LEYSNER

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travaux avait été confié à Leysner, et le total des dépenses, réglé
non sans démêlés, s’était élevé à 24 000 livres. Malheureusement
nous n’en connaissons pas le détail, le marché ne nous étant pas
parvenu.

Leysner a, d’ailleurs, exécuté à Nantes d’autres travaux, notam-
ment les cheminées de l’ancienne Chambre des Comptes, aujourd’hui
la Préfecture. Dans ce bâtiment, un des chefs-d’œuvre de l’archi-
tecte Ceineray, nous avons retrouvé seulement une grande cheminée
en marbre blanc, à encadrements noirs, de style Louis XVI. Elle
est surmontée d’un bas-relief en marbre blanc représentant deux
Amours appuyés l’un sur l’autre, dans une pose charmante, l’un
serrant dans ses bras une balance, l’autre un faisceau de licteur,
au milieu de joncs et de feuillages. Leurs petites têtes joufflues, très
proches parentes de celles des angelots de la cathédrale, ne peu-
vent laisser aucun doute sur leur origine. Ces sculptures, exé-
cutées en 1780, furent payées 2 850 livres1.

Nous allons maintenant courir aux quatre coins de l’Anjou;
mais, il faut l’avouer, sans grand profit.

A la Chapelle-sur-Oudon, près de Segré, nous avons vu un Saint
Sébastien, de grandeur naturelle, enduit d’une forte couche de
peinture blanche. Il esl, nous assure-t-on, en plâtre. La tète se
renverse, implorant le ciel; les traits sont fins. L’expression est
bien celle de la souffrance tempérée par une ardente prière. Les
membres sont traités avec toute la science et toute la sincérité
désirables. C’est, en somme, une bonne statue, et qui a de l’allure.

Le petit Saint Sébastien de la Chapelle-Saint-Laud, auquel se
rattache une curieuse légende, n’est haut que de 0m80. 11 est gentil,
et rien de plus. Sa pose est un peu tourmentée : c’est plutôt un
homme expirant que le martyr stoïque. Mais voici la tradition :
« Leysner avait en telle vénération l’image de son patron, qu’il avait
tenu à l’installer, ici, à la droite du tabernacle, en donnant à la sainte
Vierge la place secondaire. Or les fidèles, choqués d’une pareille
audace, ayant voulu rétablir l’ordre des préséances, le lendemain
la foudre tombait sur l’église. Et depuis lors, jamais personne n’osa
opérer un changement qui semblait attirer la colère céleste. »
Cette légende a vécu. Aujourd’hui, le Saint Sébastien repose sur

bre 1779; 25 février, G mars et 1er août 1780. Nous devons ces indications, ainsi
que celles concernant les cheminées de la Préfecture, à l’obligeance de M. le
chanoine Durville.

1. Y. Archives de la Loire-Inférieure, C. 489.