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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 3
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Maeterlinck, Louis: Les peintres rhétoriciens flamands et le "maître des femmes à mi-corps"
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0242

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224

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

sujets représentés sur le retable de Gand étaient encore populaires
dans nos Chambres rhétoriciennes longtemps après la mort des
illustres frères, et même qu'ils furent représentés ou mimés en un
vaste tableau vivant, en 1458, parles confrères gantois, à l’occasion
de la « joyeuse entrée » de Philippe le Bon dans la capitale de la
Flandre après la victoire de Gavere. Nous avons décrit en détail1 ce
mystère qui fut joué avec le plus grand luxe sur un échafaud à
trois étages, « ayant cinquante pieds de long sur vingt-huit pieds
de large », et dont tous les compartiments, richement drapés, cor-
respondant aux divers panneaux du polyptyque, se fermaient à
l’aide de courtines blanches.

Ce tableau vivant ne fut pas exécuté seul : à tous les coins des
rues, aux portes, aux places, aux ponts, se jouaient ou se mimaient
d’autres sujets. On représenta ainsi jusqu’aux armoiries du duc, ainsi
que celles des personnages de sa suite. Sur un échafaud somptueu-
sement orné de tapisseries « intérieurement et extérieurement »,
dit le chroniqueur, fut représentée, notamment, au « Torre Poorte»,
VHistoire de David et d'Abigail. Les nombreux figurants qui jouèrent
ce mystère portaient, comme dans celui de Y Agneau, des costumes et
des armures de la plus grande richesse « faits d’après peintures ».
On se rappellera que ce meme sujet fut peint par Hugo van der
Goes sur la cheminée d’une maison de Meulestede, au « Muyde
Brugske », près de Gand, pour le père de la jeune fille qu’il aimait,
et que, notre peintre gantois ayant alors vingt-trois ans, il y a tout
lieu de croire qu’il travailla, avec les autres artistes rhétoriciens de
sa ville natale, aux décors et à la mise en scène de cet épisode de
la vie de David qui devait contribuer à le rendre célèbre.

On sait, avec certitude d’ailleurs, qu’il peignit avec Daret, le
supposé « Maître de Flémalle », ainsi que nombre d’autres artistes
flamands, les « entremetz » des banquets donnés à Bruges, en 1468,
à l’occasion du mariage de Charles le Téméraire avec Marguerite
d’York, et aussi aux décors de diverses autres fêtes données à Gand
et à Lille entre 1468 et 1474.

La vogue des pièces mimées, civiles et religieuses, ainsi que la
richesse de leur mise en scène, ne fit que s’accroître au xvie siècle.
Les « moralités » ou « Spelen van Zinnen » que les rhétoriciens com-
posaient et jouaient eux-mêmes, et dont leurs confrères peintres
exécutaient les décors, obtinrent un succès de plus en plus grand.

1. Dans l'Art moderne du o août 1906, p. 24o. Voir aussi Une œuvre de van Eyck
mimée à Gand au xv> siècle (Bulletin de l'Art ancien et moderne, 28 juillet 1906).
 
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