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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 4
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Descoux, Philippe: Un exemplaire de la "Description de Paris" de Piganiol de la Force: orné de croquis par Gabriel de Saint-Aubin
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0366

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

table petit chef-d’œuvre. Certain après-midi de printemps, qu’il
avait fait, son livre en main, un tour dans les quartiers du centre,
voici qu’il s’apprêtait, venant de la place Louis XV, à pénétrer
dans le jardin par le pont tournant, lorsqu’il aperçut, au pied du
pilastre de droite que surmonte encore la Renommée à cheval de
Coysevox, un groupe de cinq à six personnes assises et causant; il
s’arrêta pour les dessiner, donnant comme fond à son sujet la masse
sombre des marronniers sur lesquels se détache discrètement, dans
le lointain, le groupe de Van Clève, La Loire et le Loiret. Tout cela
est tracé d’un crayon très sûr, délicieusement estompé et porte au
bas la date du « 28 may 1776 aux T aille ries ».

Telle est, à grands traits, la physionomie de ce curieux ouvrage,
devenu un album de dessins, œuvre touffue, méticuleuse et exquise
d’un artiste à la fois minutieux, capricieux et désordonné. Elle ne
serait pas entièrement exacte, cependant, s’il n’était rien dit de cer-
tains croquis décoratifs d’une allégorie signifiant, sans doute, la
présentation à la France d’un projet de façade pour un monument, ni
surtout des notes manuscrites dont il est rempli. Réflexions, recti-
fications, observations de toutes sortes, à propos du texte imprimé
ou hors de tout propos; témoignages de reconnaissance à l’égard
de M. de Paulmy d’Argenson, le protecteur de l’Académie de Saint-
Luc; vers sur la mort de Voltaire, son dieu; notes sur ses confrères,
sur la Comédie et sur l’Opéra : adresses et indications précieuses
apparemment pour un vieux garçon qui ne roulait pas sur l’or,
celle-ci, par exemple : « Pain 9 s. les 4 livres, Relanger, marché
Saint-Martin, 1776 »; ou celle-là : « Vin à 13 s., cul de sac de la
Routeille... 28 may ». D’autres se rapportent à ses propres œuvres :
« 2 copies de mon Tancrède vendues à Mr Lenoir au prix... 7' KL May
1776 ». Mais ce n’est pas chose aisée que de déchiffrer l’écriture de
Saint-Aubin, tant elle est menue, serrée, imperceptible; on y use-
rait vite ses yeux et ses besicles; il a griffonné du reste, non pas
seulement entre les lignes imprimées, dans les marges, sur les gra-
vures et les pages blanches, mais encore sur les gardes de papier
marbré, où, par exemple, au-dessous d’un croquis à l’encre repré-
sentant un obélisque et une sorte de manège tournant à la chinoise,
on lit à grand’peine que cela a été « vu au jardin anglais de Mr le
Duc de Chartres le 14 mai 1779 ».

Est-il sans intérêt de dire par quel chemin ces huit volumes
de Piganiol sont venus du pauvre gite de Saint-Aubin à l’éventaire
d’un bouquiniste? Vraisemblablement ils ne passèrent pas par les
 
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