LES SALONS DE 1908
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qui m’ont consolé dans telles circonstances douloureuses de ma vie...
Je les sentais, je les sens vivre autour de moi. Je sentais quelle
fraternité m’unissait à ces humbles choses, et que c’est un enfantil-
lage de classer les règnes de la nature, alors qu’il n’est qu’un règne
de Dieu. »
Puisque Spinoza et Francis Jammcs ont écrit ceci et cela,
M. Henri Ghéon a bien fait de peindre des pommes, et d’autant
plus qu'il les a peintes à merveille, oui, avec tant d’exactitude que
LA PLUIE, PAR M. LADUREAU
(Salon de la Société des Artistes indcpendan's.)
son amitié pour ces fruits est manifeste. Il ne les a point
arrangées, ces pommes; et il n’a voulu que les copier. Cette
soumission, Francis Jammes la lui enseignait; et il est, en pein-
ture, un disciple de ce poète. Sans doute ce compliment lui sera-t-il
agréable.
Sans doute aussi n’oserai-je pas indiquer, à propos de lui, les
dangers du réalisme et même les dangers du trompe-l’œil. Une trop
fidèle et trop pieuse abnégation devant la réalité est périlleuse.
N’importe! ou peu s’en faut. Les pommes de M. Ghéon, la
chambre, l’éclairage, l’air, et j’allais dire encore : l’odeur des fruits,
font un ensemble harmonieux et joli.
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qui m’ont consolé dans telles circonstances douloureuses de ma vie...
Je les sentais, je les sens vivre autour de moi. Je sentais quelle
fraternité m’unissait à ces humbles choses, et que c’est un enfantil-
lage de classer les règnes de la nature, alors qu’il n’est qu’un règne
de Dieu. »
Puisque Spinoza et Francis Jammcs ont écrit ceci et cela,
M. Henri Ghéon a bien fait de peindre des pommes, et d’autant
plus qu'il les a peintes à merveille, oui, avec tant d’exactitude que
LA PLUIE, PAR M. LADUREAU
(Salon de la Société des Artistes indcpendan's.)
son amitié pour ces fruits est manifeste. Il ne les a point
arrangées, ces pommes; et il n’a voulu que les copier. Cette
soumission, Francis Jammes la lui enseignait; et il est, en pein-
ture, un disciple de ce poète. Sans doute ce compliment lui sera-t-il
agréable.
Sans doute aussi n’oserai-je pas indiquer, à propos de lui, les
dangers du réalisme et même les dangers du trompe-l’œil. Une trop
fidèle et trop pieuse abnégation devant la réalité est périlleuse.
N’importe! ou peu s’en faut. Les pommes de M. Ghéon, la
chambre, l’éclairage, l’air, et j’allais dire encore : l’odeur des fruits,
font un ensemble harmonieux et joli.