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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 5
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Foville, Jean de: Le médailleur "à l'amour captif"
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0412

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386

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

cct artiste anonyme osât inscrire une telle flatterie sur cette
médaille, il fallut donc que quatre années de sereine fidélité à son
troisième mari eussent effacé le souvenir de la jeunesse de Lucrèce,
livrée dès l’enfance aux tragédies orageuses du Vatican.

Avec une autre médaille d’un style médiocre, ce sont là les seuls
portraits authentiques1 de cette princesse; un contemporain2 nous
dit qu’ (( elle était de taille moyenne, d’apparence fluette, le visage
un peu long, le nez pointu mais beau, les cheveux dorés, les yeux
bleu clair, la bouche plutôt grande avec des dents éclatantes, la
gorge bien faite, blanche et assez opulente, la physionomie toujours
allègre et riante ». On conserve à l’Ambrosienne, comme une reli-
que, une mèche de cheveux, blonds comme ceux d’un enfant, qui
serait, selon la légende, une mèche de ses cheveux, envoyée par
Lucrèce à Bembo3. Nous n’avons pas d’autres éléments pour aider
notre imagination à revoir, telle qu’elle fut au plus beau moment
de sa jeunesse, la fille d’Alexandre VI.

Tout concourt donc à nous rendre plus précieuse cette rare mé-
daille, et à accroître notre regret d’en ignorer l’auteur. Armand4 l’a
associée à deux autres médailles non signées, qui ont toutes deux
le même revers, figurant encore un Amour attaché à un arbre : ce
sont les médailles de Jacopa Gorregio et de Maddalena Rossi, de qui
nous ignorons tout sinon que le médailleur a vanté leur vertu autant
que leur beauté. Sur ces deux pièces, l’Amour du revers, plus en-
fantin que l’autre, est lié à un arbre sans feuilles, où ne sont plus
suspendus l’écriteau, la viole et la fl a te de Pan qui sont joints, sur
le revers de la première médaille, aux attributs du dieu; le modelé
&\i pulto ailé est aussi plus gras et plus large sur les deux dernières
médailles. Et toutefois, entre ces deux répliques d’un même sujet,
les ressemblances l’emportent sur les dissemblances :1e lien qui noue
le bras gauche de l’Amour, le carquois brisé d’où s’échappent les
flèches, les lettres des légendes, les étoiles à trois branches et les
feuilles de lierre qui remplacent les points entre certains mots,

1. Ch. Yriarte (Gazette des Beaux-Arts, octobre 1884, p. 342), au cours d’une
curieuse étude sur les Portraits de Lucrèce Borgia, a voulu reconnaître Lucrèce
dans un tableau du musée de Nîmes; mais il déclare spontanément que ce
tableau n’est lui-même qu’une copie assez tardive d’un original perdu.

2. Cagnolo de Parme, cité par Msr G. Antonelli, Lucrezia Borgia in Ferrara,
Ferrare, 1867. Cf. aussi les autres témoignages contemporains, dans Gregoro-
vius, Lucrèce Borgia, t. II, ch. ii.

3. Ch. Yriarte (loco citato) prétend que Lucrèce était brune et se teignait.

4. Les Médailleurs italiens, t. I, p. 118-119 et t. III, p. 48.
 
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