Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 39.1908)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

rigide, dans le ravissement de l’impression première, sans laisser à
l’enthousiasme le temps de tiédir; à Dieu ne plaise qu’il s’encombre
de l’attirail ordinaire du peintre, si lent à déployer! « La nature veut
être surprise et aimée sans apprêts », a-t-il coutume de penser...

C’est le privilège de ces ouvrages de faire apparaître le progrès
de l’artiste dans son dernier état: ils corroborent ce qui fut avancé
plus haut sur l’évolution de sa peinture, et ce que l’on doit étendre
à tout son art, à son dessin surtout; ils déterminent l’étape parcou-
rue ; ils enseignent comment la vue, chaque jour plus planante, a mené
l’observation du particulier à l’universel. La prédilection s’y affirme
pour les panoramas, pour les vastes perspectives et les horizons
lointains où la plaine déroule ses ondulations harmonieusement
rythmées; l’ombre et la lumière se localisent et y jouent avec plus
de véhémence ; le métier, de son côté, aboutit à des définitions sim-
plifiées, synthétiques ; et c’est ainsi que le dessin de Lepère, facile,
aimable, pittoresque à son origine, s’est transformé, avec le temps,
en un dessin mâle, pourvu d’ampleur, frémissant de vie, de lumière,
et qui rejoint, dans nos préférences, le dessin des maîtres de l’im-
pression moderne, le dessin de Charles-François Daubigny et de
Johan-Barthokl Jongkind.

[La suite prochainement.) roger mark

NATURE MORTE, TABLEAU PAR M. L.-A. LEPÈRE
(Appartient à M. le Dr Sabouraud)