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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 5
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Ritter, William: Les artistes polonais de la société "Sztuka" au "Hagenbund": correspondance de Vienne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0465

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

des vitraux magnifiques et fous, d’un dessin si vertigineux, d’une vie décorative si
frénétique et d’un flamboiement si extraordinaire, qu’ils avaient pu se demander
avec anxiété si c’était beau. D’aucuns s’étant informés, on leur avait répondu par
un nom qui ne disait rien plus à leur mémoire qu’à leurs oreilles: Mehoffer. Et ils
avaient encore moins compris quand on leur avait expliqué le paradoxe que cette
gloire de Fribourg fut de perpétration polonaise. Quelques curieux des littéra-
tures slaves connaissaient un grand poète du nom de Wyspianski. Ces mêmes
curieux savaient peut-être aussi, pour la rareté du fait, que le « violon d’Ingres »
de ce Wyspianski était la peinture. Mais de là à se représenter l’un des plus
grands artistes de notre temps, l’un des plus neufs, l’un des plus éclaboussants
d’originalité, quelque chose de plus qu’un Hodler ou un Erler polonais, il y
avait de la marge! De même, personne ne se doutait que l’Ukraine avait eu
en Stanislawski l’équivalent de ce que la Roumanie avait trouvé et fêté en Grigo-
resco. Enfin, il était assez improbable de se représenter ces trois maîtres non
pas comme des individualités isolées, mais seulement comme, primi inter pares,
les sommets d’un groupement d’artistes dont la moyenne est incomparablement
plus élevée que celle de la majeure partie des sociétés les plus célèbres de pays
autrement considérables, jouissant d’autres moyens, d’autres capitaux, d’autres
protections, d’un autre public que ceux dont dispose ce minime fragment de
l’ancienne Pologne dépendant de Vienne lointaine et auquel les ministères autri-
chiens accordent une si parcimonieuse protection! Eh bien! on a appris tout cela
par cette exposition de Vienne, dont les meilleures revues allemandes se sont
emparées en dépit de toutes les inimitiés d’école et de toutes les querelles natio-
nales.

L'œuvre du paysagiste Jan Stanislawski, né en 1860, mort le 6 janvier 1907,
est innombrable. Ce fut un bon géant, d’une nature très fine et disposant de
toutes les délicatesses du cœur, de l’œil et de la main. Son lyrisme, aux toutes
petites strophes intimes et profondément senties, s’épanche en un millier de
pochades exquises et brèves, mais chacune réellement synthétique de la grâce et
de la mélancolie entières, ternes ou ensoleillées, des immenses plaines. D’un raf-
finement de ton, d’une subtilité de valeurs pour ainsi dire infinitésimaux, elles
sont entièrement couleur et nuance. Comme on le plaisantait un peu à cause de
la disproportion singulière de sa carrure de géant et du format exigu de ses
pochades, grandes comme les deux mains, mais où tiennent l’infini du steppe,
il répondait modestement : « Je suis un éléphant ramasseur d’épingles ».

Ces « épingles » il les a ramassées à travers son pays d’Ukraine, — on sait
qu’en Ukraine la noblesse est polonaise, — et en Pologne un peu partout, de
Kiew à Zakopane, des Tatry au Dnieper. Montagnes, plaines, berges de lleuves,
villes, aucun aspect de sa patrie ne manque. Et encore en Italie. Et encore en
France. Mais c’est au peintre du steppe que l’on revient encore et toujours, et
à ces églises vertes de Kiew qui, tard dans la nuit montant, conservent une
flamme et comme un regard au ventre de leurs coupoles dorées.

Avec Stanislaw Wyspianski nous faisons un beau saut. Et tout d’abord, nous
nous cabrons! Ces deux artistes furent-ils vraiment contemporains? L’auteur de
Boleslas le Téméraire naît en 1869 et meurt le 26 novembre 1907 à Cracovie, où
on lui fit des funérailles nationales. Ses restes sont déposés à la Skalka, le Santa
Croce delà Florence polonaise. Il a révolutionné le théâtre autant que la pein-
 
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