CORRESPONDANCE DE VIENNE
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et Karol Maszkowski. Ce sont deux peintres surtout d'intérieurs, encore que du
premier je n’oublie pas la charmante impression printanière, produite par des
nuages qui passent au ciel bleu par-dessus les arbres non encore reverdis d’un
verger et derrière une de ces maisonnettes de bois, élevées au bout d’une perche
pour que les oiseaux y viennent abriter leur nichée. Mais tandis que M. Ruszczyc
évoque la Vieille maison recouverte de vigne vierge, sous un ciel orageux et ves-
péral dans l’ardoise duquel s’allument deux étoiles, ou la chambre, grise et rouge
sobre, de la grand’mère, ou simplement les couronnes de roses artificielles qui
restent pendues au lustre après le bal, M. Maszkowski expose trois Intérieurs
d’églises moldaves d’une force de coloris, d’un relief d’accessoires et d’une singu-
AUTOUR D.’UNE TABLE DE FAMILLE, PAR Mi NVOJCIECH WEISS
larité de motif dont la jeune école roumaine ferait sagement de s’inspirer, comme
aussi de compléter par l’étude de Stanislavvski la leçon reçue de Grigoresco. Les
deux maîtres, en effet, se complètent, comme la Pologne et l’Ukraine font suite à
la Roumanie et à la Bessarabie, sous les mêmes deux et sur un sol de même
caractère.
Il nous reste à parler de M. Wojciech Weiss, l’un des artistes les plus émi-
nents de Cracovie. Non pas que sa Fenêtre, ou plutôt son morceau de fenêtre, au
pastel, irrégulièrement ouverte sur un jardin, et la balustrade d’un perron, avec
des pommes sur l’appui, me semble d’un impressionnisme très adroit, mais il
faut signaler ses ingénieux et à la fois un peu barbares portraits d’enfants, ses
coins d’arbres de Noël chargés de fanfreluches de papier, ses vieux tournesols
défaits et piteux sous la pluie, ses fantasques épouvantails courbés sous le vent
et les éclairages jaunes, d’un jaune auquel on est long à s’accoutumer, de ses
scènes de famille sous la lampu.
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et Karol Maszkowski. Ce sont deux peintres surtout d'intérieurs, encore que du
premier je n’oublie pas la charmante impression printanière, produite par des
nuages qui passent au ciel bleu par-dessus les arbres non encore reverdis d’un
verger et derrière une de ces maisonnettes de bois, élevées au bout d’une perche
pour que les oiseaux y viennent abriter leur nichée. Mais tandis que M. Ruszczyc
évoque la Vieille maison recouverte de vigne vierge, sous un ciel orageux et ves-
péral dans l’ardoise duquel s’allument deux étoiles, ou la chambre, grise et rouge
sobre, de la grand’mère, ou simplement les couronnes de roses artificielles qui
restent pendues au lustre après le bal, M. Maszkowski expose trois Intérieurs
d’églises moldaves d’une force de coloris, d’un relief d’accessoires et d’une singu-
AUTOUR D.’UNE TABLE DE FAMILLE, PAR Mi NVOJCIECH WEISS
larité de motif dont la jeune école roumaine ferait sagement de s’inspirer, comme
aussi de compléter par l’étude de Stanislavvski la leçon reçue de Grigoresco. Les
deux maîtres, en effet, se complètent, comme la Pologne et l’Ukraine font suite à
la Roumanie et à la Bessarabie, sous les mêmes deux et sur un sol de même
caractère.
Il nous reste à parler de M. Wojciech Weiss, l’un des artistes les plus émi-
nents de Cracovie. Non pas que sa Fenêtre, ou plutôt son morceau de fenêtre, au
pastel, irrégulièrement ouverte sur un jardin, et la balustrade d’un perron, avec
des pommes sur l’appui, me semble d’un impressionnisme très adroit, mais il
faut signaler ses ingénieux et à la fois un peu barbares portraits d’enfants, ses
coins d’arbres de Noël chargés de fanfreluches de papier, ses vieux tournesols
défaits et piteux sous la pluie, ses fantasques épouvantails courbés sous le vent
et les éclairages jaunes, d’un jaune auquel on est long à s’accoutumer, de ses
scènes de famille sous la lampu.