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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 5
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Ritter, William: Les artistes polonais de la société "Sztuka" au "Hagenbund": correspondance de Vienne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0471

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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Et maintenant je demanderai pardon à ceux que je n’ai pas cités, à commen-
cer par M. Julian Falat et à finir par M. Wladyslaw Jaroeki, en passant par
M. Jozef Pankievvicz, car personne ici n’est, je ne dis pas mauvais, mais seulement
médiocre. Toutefois si l’art de la « Sztuka » est grand, l’espace qui m’est réservé
Test beaucoup moins. Cependant il est quelques travaux graphiques auxquels je me
fais scrupule de ne pas m’arrêter : les bois, portraits prodigieusement habiles et
coins de jardins ou de vergers en fleurs, de M. Piotr Krasnodebski, les recherches
curieuses de M. Léon Wyczolkowski, dont cette tête de paysan de Zakopane qui
semble un vernis mou et qui est en réalité exécutée tout entière à la roulette.
Les illustrations et reliures de MM. Jan Bukowski et Stanislaw Debicki m’in-
spirent aussi quelque regret,et je m’attriste de n’oser m’attarder aux affiches que
les meilleurs de ces artistes, les uns après les autres, ont conçues et exécutées
pour les expositions de Dur « Sztuka ». Mais il faut dire au moins quelques mots
de la sculpture.

Je ne la crois pas à la hauteur de la peinture. M. Wittig est un français fort
habile, mais M. Glicenstein un italien trop facile; M. K. Laszczka, se démontre
portraitiste d’enfant non dénué de grâce et de style, mais plutôt de vie. Le Juif
en prière de M. Ilochman a des qualités de simplicité et d’émotion, mais le
meilleur portrait, une femme en chapeau, profil très accusé, qui rappelle les
modèles chers à M. de Ilabermann en Allemagne, les cheveux, la voilette et le
chapeau traités avec une sobriété fringante extrêmement agréable, est de M. Sta-
nislaw Ostrowski. Cependant une individualité parallèle à celle de Stanislaw
Wyspianski nous paraît s’annoncer en M. Xawery Dunikowski. Certes il n’ignore
ni la plastique de Georges Minne, ni celle du sculpteur allemand de Bohème
Franz Metzner, ni peut-être même les élucubrations mystiques du tchèque Bilek,
ni surtout les peintres d’horreurs, Scandinaves ou autres, et cependant il faut
beaucoup de temps pour se faire à son individualité, et c’est l’irréfutable preuve
qu’il en a une. Et assez forte! Seulement elle heurte si bien nos goûts que nous
n’en pouvons parler qu’avec une extrême prudence. Laissons les symboles patho-
logiques et macabres, car trois figures de femmes nous requièrent. Posées à même
le plancher, sans socle, en robe simple, grandeur nature, timidement, discrète-
ment, elles ébauchent soit un pas, soit nue révérence. Et désormais on n’oublie
plus cette apparition de blancs fantômes entre les myrtes. Elles continueront à
mimer, paraît-il, leur contredanse révérencieuse et attristée sur la tombe de
l’artiste. Nous souhaitons que ce soit le plus tard possible, dans le ferme espoir
d’assister bientôt à l’éclosion en Pologne, à la suite de M. Dunikowski, d’une
jeune école de sculpture digne du merveilleux ensemble qu’offre d’ores et déjà à
nos yeux éblouis une école de peinture où viennent de se révéler, depuis Jan Ma-
tejko, des maîtres aussi disparates et d'une valeur telle qu’un Stanislawski, un
Wyspianski et un Mehoffer.

WILLIAM R I T T E R

Le Gérant : P. Girardot

PARIS.

IMPRIMERIE PHILIPPE RENOUARD
 
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