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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

DOI issue:
Nr. 6
DOI article:
Beaunier, André: Les salons de 1908, 2
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0529

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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qui méritent d’être éternisées dans ces solides matières !... Avouons
tout de suite que nos sculpteurs ont un peu abusé des occasions
qui leur étaient offertes.

Neuf cent soixante-neuf numéros! c’est grave. Et c’est d’autant
plus grave qu’on trouve parmi eux je ne sais combien de commandes
de l'Etat. Ainsi, nos places, nos carrefours, nos avenues, nos monu-
ments vont être décorés encore de statues, de statues, et de statues.
Il y en avait déjà beaucoup ; il y en avait déjà plus qu’on ne vou-
drait ; il y en avait déjà, pour quelques-unes qui sont belles, des
quantités de ridicules ou d’horribles. Pauvre ville, la nôtre, en proie
à tant de sculpteurs!...

Je suis particulièrement désolé de ce qu'on prépare pour la place
du Carrousel. Ah ! on nous l’avait bien dit, qu’on ornerait d’art actuel
ce beau lieu plein d’histoire!... L'événement dépassera toutes les
espérances — et toutes les craintes — si l’on en juge par les trois
échantillons que voici exposés au Grand-Palais.

Le talent de M. Frémiet n’est pas en cause... Seulement, ses deux
figures allégoriques, « commandées par l’Etat et destinées à la place
du Carrousel », ne contribueront pas à ennoblir cette place.

Elles sont en bronze clair. L’une est une Gloire, ou une donneuse
de gloire, qui a les ailes éployées et les mains chargées de cou-
ronnes, de couronnes pareilles à de petits cerceaux : on dirait qu’elle
va jouer au gentil jeu des grâces et que, premièrement, elle s’étire.
Ses pieds joints et le mouvement de sa robe semblent encore signi-
fier l’exécution d'une danse tournoyante, à petits pas serrés. Le
visage a des yeux bridés, de grosses pommettes : on dirait d’une
danseuse amenée de chez lui, pour une fête de l’Elysée, par
quelque roi d’Asie. La seconde de ces figures allégoriques marche,
à petits pas rapides de chasseur à pied. De la main gauche, elle
tient, pour l’utiliser bientôt, une de ces longues trompettes qu’il y
a dans les mail-coaches. Elle se sert de ses ailes pour aller plus vite,
comme fait, je crois, le pingouin. Ces deux jeunes femmes, de
fortes dimensions, portent de singuliers costumes : une petite jupe
et de courtes vestes, serrées à la ceinture mais extrêmement décol-
letées, l’une sur la gauche, l’autre sur la droite.

On peut avoir le goût le plus vif pour ces statues ; mais per-
sonne n’affirmera que leur convienne le moins du monde l’enca-
drement du Louvre des Valois.

Le Temps et le Génie, de M. Ségoffin, groupe de bronze com-
mandé par l’Etat, fait partie de ce même ensemble décoratif; il
 
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