Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:
Marx, Roger: L.-A. Lepère, 3: peintres-graveurs contemporains
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0546

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
310

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

cette boutade. Le seul point à retenir est la volonté toujours mieux
ancrée d’atteindre, par des abréviations suggestives et des indica-
tions sommaires, à la franchise de l’accent, à l’aspect gras et
vibrant; afin d’obtenir l’ampleur et la mâle rudesse, Lepère aime
user du travail au canif qui abolit la virtuosité. Les livres qu’il
s’emploie à orner portent témoignage de l’orientation nouvelle de
ses tendances ; on la suit encore dans quelques estampes parues ici
et là : telles les compositions de fière allure qui rivalisent pour la
magnificence avec le lyrisme de José-Maria de Heredia1; tel le por-
trait que l’artiste a tracé de lui-même en action de son métier2;
telle une couverture pour Y Archet de Gabriel Fabre3; telles enfin
les pages qui désignent à la recherche des collectionneurs une
éphémère revue : La Grande Dame (1894). Lepère y avait été requis
d’égayer par des encadrements, des lettres, des vignettes, le texte
mensuel de « Parisiennes sensations », et tout de suite son ingéniosité
s’était piquée de découvrir des symboles appropriés ; pour janvier :
les Mendiants4 et Une Neuvaine à Sainte-Geneviève ; pour février : Le
Carnaval; pour mars, les classiques Giboulées et le Transport des
tableaux au Salon. Jamais l’artiste ne s’est montré plus à l’aise,
plus spirituel, que dans ces synthèses décoratives qu’un trait sans
ombre établit, et c’est merveille qu’avec les moyens rudimentaires
des primitifs, il soit parvenu à incarner de la sorte nos idées, nos
sentiments, nos allures, dans le plein caractère de leur originalité
moderne.

Vers le même temps une civilisation lointaine, dont le degré
d’affinement ne le cède pas à la nôtre, exerçait sur le goût l’at-
trait d’une véritable fascination; c’est à l’art japonais que nous
songeons. Les peintres en avaient pressenti sans retard l'impor-
tance ; Théodore Rousseau et J.-F. Millet se disputaient déjà ces
estampes que Manet et Monet surent regarder à leur tour; pas plus
que ses devanciers Lepère n’entendit renoncer au profit d’une telle
méditation. Ses convictions techniques en sortaient affermies et
le régal des tons trouvait à flatter un appétit de la couleur toujours
prompt à s’éveiller chez l’artiste. Le même été de 1889 où il donne
Sous une porte cochère, Lepère signe son premier bois taillé dans le

1. Le Centaure et Le Bain des Nymphes (1896). La première de ces planches a
été publiée dans la Gazette, 1902, t. I, 394.

2. Reproduit dans la Gazette, 1896, t. II, p. 301.

3. Il faut encore citer les planches suivantes, également gravées au canif :
Etude à quatre mains ; Le Soir; Le Repos ; La Prière; Les Pêcheurs de crevettes.

4. V. Gazette des Beaux-Arts, 1896, t. II, p. 299.
 
Annotationen