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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 6
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Marx, Roger: L.-A. Lepère, 3: peintres-graveurs contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0547

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L.-A. LEPÈRE

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poirier, selon la façon du Nippon (Le Palais de Justice); l’amour-
propre s’échauffe, et le désir le talonne d’acclimater le procédé ; il
y tâche en nuançant les à plats japonais par d’occidentales indica-
tions de modelé et de clair-ohscur ; un second essai, Le Goûter, ne
nécessite pas moins de huit planches ; plusieurs fois l’expérience
se renouvelle, avec un plein succès1, et il est acquis que les maîtres
de là-bas ont maintenant un émule qui sait procurer la volupté des
impressions à l’eau et de leurs pâleurs discrètes, transparentes et
mates. Pourtant, selon la règle d’une loi invariable, l’art de Lepère
ne cesse pas d’évoluer « du compliqué vers le simple ». Vite
las des tours d’adresse et de patience, la pente de son tempérament
le porte à des pratiques moins laborieuses, plus européennes; il
revient à l’ancien camaïeu brun, gris ou vert; il y trouve le terme
utile entre l’agrément d’une polychromie rompue et les ressources
de la fruste matière; n’ayez crainte, personne n’a encore tiré de
ce mode de graver d’aussi prodigieux effets, et de nouveau la puis-
sance se mesure à la sobriété des moyens : trois planches seulement
ont été employées pour le Bassin des Tuileries (1898), pour le
Braconnier, les Lames déferlent ; quatre pour le Bucolique moderne
(1901) — les pastorales de Virgile sont de tous les temps et se con-
tinuent en tous lieux, sur le talus des fortifications arides comme
aux bords ombragés du Mincio — cinq enfin pour la Procession de la
Fête-Dieu à Nantes (1901)2. Lepère a suivi le défilé qui regagne à
pas lents, en grande pompe, l’église cathédrale; le décor, la scène,
la dévotion de la foule empressée et recueillie l’ont touché ; il est
féru des chapes brodées d’or et des dalmatiques chamarrées « dont
le luxe sied si bien à la xylographie ». Sous le coup de l’émotion,
l’âme et les yeux emplis du spectacle merveilleux, il rentre à Saint-
Jean-de-Monts ; il élucide son concept, il collige ses notes, il évoque
la vision, et dans la quiétude de l’isolement il parachève à loisir
cette page qui garde, sous les nobles dehors en honneur au temps
jadis, le prix d’un véridique témoignage sur la foi d’aujourddiui.
— Le môme aspect archaïque et la même précision documentaire
signalent une vue à vol d’oiseau du Port de Nantes. Vous diriez d’elle
un pendant xylogravé au célèbre panorama de San Francisco par
Méryon : la Loire, sillonnée de navires imposants, aux mâtures élan-
cées, décrit sa courbe harmonieuse; elle épand ses eaux paisibles
en regard des quartiers populeux et des édifices historiques de

1. Cf. la Partie de jacquet, Convalescente.

2. Ces cinq planches arrivent à former, par superposition, trente-deux tons.
 
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