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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 40.1908

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Beaunier, André: Les salons de 1908, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24867#0055

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LES SALONS DE 1908

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Pourquoi ce canon lourd et ces deux artilleurs s’appellent Verdun
(1870), c’est le secret de l’auteur; mais le spectateur, lui, trouve ce
titre bien arbitraire. D’ailleurs, ni le canon n’est mal exécuté ni les
artilleurs ne manquent d’énergie. Mais, quant à prendre aucun
intérêt à la contemplation de ce groupe, je n’y réussis pas.

La Résistance de M. Desca ne résiste pas beaucoup ; et les seins
lui tombent sur la poitrine. Seulement, elle crie. Crie-t-elie ? ou
chante-t-elle? Elle a la bouche grande, et grande ouverte. Deux mili-
taires sont à ses pieds : l’un meurt et l’autre cherche une cartouche.
Et tout cela est calme, calme; on ne saurait croire combien est calme
cette belliqueuse allégorie.

Puis-je, en passant et sans insister davantage, indiquer combien
est, à mon avis, désolante cette manie qu’on a de multiplier, en ce
pays, les monuments qui commémorent la défaite? Il y en a un peu
partout; et, où il n’y en a pas encore, on en mettra. Gomme se mul-
tiplient aussi les allégories de la Paix, de ses bienfaits et de son opu-
lence, je crois qu’il y aurait mieux et plus fier à confier au marbre
et au bronze.

Mais arrivons à une autre catégorie de monuments. Genx-ci sont
destinés à honorer de grands hommes. Nous avons, cette année,
Victor Hugo, évidemment, M. Trarieux, Charles Perrault, Jules
Verne, Alphonse Allais, Jacquard, le princeBarbo Stirbey, M. Lefort,
président du Syndicat de laBoulangerie à Beauvais, M. Félix Mangini,
le général de LaMoricière, M. Edouard Barbey, La Tour d’Auvergne,
le prince de Monaco, M. Eugène Manuel, qui était inspecteur général
de l’enseignement secondaire, Watteau, etc.

Une question se poserait, qui serait de savoir si tous ces grands
hommes étaient assez grands pour mériter les honneurs de la statue et
du monument. S’ils ne l’étaient pas, je trouverais là une explication
de la médiocrité de ces œuvres. Une explication, parmi d’autres!...
Maisil est bien certain que la sculpture, avec ses matériaux solides et
qui vont défier les âges, avec le caractère immuable et définitif de ses
lignes, avec son air de noblesse pensive et de forte durée, n’est pas faite
pour les petites gloires d’un moment. A celui-ci, un portrait suffirait,
dont on eût confié l’exécution à un preste impressionniste, plus sou-
cieux du saisissant effet que de l’inaltérable qualité de la couleur; le
tableau durerait à peu près autant que la notoriété du personnage :
un petit nombre d’années.

La sculpture est le plus synthétique des arts. Elle fait, avec des
éléments peu nombreux, une puissante unité; mais, pour que l’unité
 
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